Avant on parlait de Manufacturing 4.0 et maintenant on parle de industrie 4.0 : qu’est ce qui se cache derrière ce changement de concept ?

Dans  la logique de Manufacturing 4.0 c’était une prolongation d’un trend industriel avec :

  1. au XVIIIe siècle la première transformation de l’artisanat vers l’industrialisation avec la machine à vapeur donc ça c’était un point zéro
  2. puis fin XIXe l’électrification Donc là on était dans 2.0
  3. juste que le début du XXe siècle automatisation  3.0
  4. Et puis en 2011, on sort ce terme de 4.0 où c’est l’usine intelligente avec tout digitalisé avec un algo intelligent au-dessus qui optimise le tout.

Alors, pourquoi parler de industrie 4.0 et ne plus  se focaliser sur Manufacturing ? Parce que le concept d’usine intelligente est peut-être trop étroit … surtout si demain il n’y a plus de grosses usines produisant des tas d’objets identiques mais des petites usines ambulantes qui fabriquent à façon comme Amazon est en train de la tester.

En effet, l’idée centrale n’est plus l’objet, ni le produit fabriqué dans cette usine … mais la problématique à adresser dans la réflexion et autour de l’usage, de la jouissance qu’il peut y avoir autour d’un produit; lequel produit peut être fait à façon suivant mon désir avec de l’impression 3D ou encore encore dans des usines très versatile ou par exemple aujourd’hui sur une chaîne de montage automobile.

Par exemple aujourd’hui, il n’y a presque jamais deux voitures rigoureusement identiques en sortie d’usine étant donné le niveau d’options et de customisation que les constructeurs offrent.

Donc on est bien d’accord il s’agit de repenser complètement la relation client autour de son objet en commençant par l’usage : “est-ce que je peux passer en économie de partage non plus économie de possession à la mode de BlaBlaCar ou autre Airbnb ?” …et ensuite moi l’industriel au milieu, quel est mon rôle ?

Avec cela les industriels commencent à réaliser quel est leur savoir-faire unique. Par exemple pour fabriquer une voiture, il faut assembler 14 000 pièces avec toute la Supply Chain qui va bien derrière pour avoir la pièce au bon moment au bon endroit sinon je loupe la commande, j’ai des délais beaucoup trop long. Donc l’expertise elle est avant tout en SC : comment gérer tout un écosystème de fournisseur de rang un deux et  trois. ?

Et puis je donne tellement de possibilités pour customiser ma voiture, ou ma maison et je suis devenu un champion de la Supply Chain avec mon usine complètement robotisée sur laquelle en fait je peux construire un peu n’importe quoi et je parle non seulement de passer d’une voiture à une autre mais je peux aussi passer d’une voiture à une machine à laver, un frigidaire parce que tout ça c’est de l’assemblage de pièces et surtout de la gestion de la Sup actuelle.

C’est intéressant de noter que la plupart des protagonistes autour de la voiture sans chauffeur font un peu marche arrière devant la dernière étape qui est d’assembler des centaines voire des millions de voitures composées à chaque fois de 15 000 pièces avec une Supply Chain très compliquée. En quelque sorte, il y a que l’exception Elun MUSK, l’ingénieur surdoué, qui avec Tesla n’a pas peur de mettre la main à la pâte et réinvente complètement la voiture en partant de la portière et de la batterie pour réinventer ensuite l’usine qui l’a faire … et qui est l’exception qui confirme la règle qu’il y a un vrai savoir dans le rôle de l’industriel qui gère une usine d’assemblage complexe avec une Supply Chain compliquée.

Il faut aussi sortir d’un paradigme bien pensé au XXe siècle qui présentait toute entreprise avec 3 macro process

  1. en amont la conception du produit,
  2. ensuite de l’exécution de la fabrication
  3. puis in fine la relation client pour trouver acquéreur pour cette merveilleuse voiture.

Dans un marché de customisation de masse, on ne peut plus raisonner comme cela; c’est de plus en plus le client qui lui-même conçoit son produit en digital, puis passe une commande sur votre usine de fabrication complètement versatile pour son produit correspondant à son usage.

Donc pour revenir à Manufacturing 4.0, oui bien sûr il faut commencer à expérimenter avec toutes ces nouvelles techniques,

  • pour fournir à vos employés les moyens d’avoir une intelligence augmentée à portée de leurs mains avec tous les outils de réalité augmentée ou réalité virtuelle qui maintenant sont complètement banalisés
  • leur donner l’info sur toute la Supply Chain avec des recos venant d’un data lake nourri en temps réel de toutes vos données élémentaires venant de vos outils de fabrication (EP), de Supply Chain (SCM), forecasting (SFA) et muni d’une sur-couche de AI machine learning qui dès le premier jour vous signale des anomalies … et cela vous pouvez commencer le faire avec FusionOps en une semaine si vos outils sont conçus sur des socles logiciels standard (somme SAP, Oracle …)
  • et commencer à réfléchir avec des outils de blockchain qui vous permettent de vérifier la traçabilité de vos produits avec des solutions comme Skuchain que l’on a rencontré en Silicon Valley

Vous l’avez compris le plus important c’est de réfléchir dans ce nouveau monde de l’industrie 4.0 au rôle que vous voulez jouer comme entreprise demain (et c’est pour cela que nous lançons un nouveau Think Tank indus 4.0)  … et cela peut être aussi varié que

  1. celui d’un super gestionnaire de Supply Chain généraliste qui fabrique n’importe quoi sur ces chaînes de montage hyper-automatisé (robot, impression 3D) à façon
  2. ou au contraire un champion de la User eXpérience qui conçoit des produits comme l’automobile de demain dans lequel le citoyen consommateur va être observé palpé pendant deux heures chaque jour lorsqu’il est au volant.

Bertrand Petit, Président d’InnoCherche
InnoCherche, Juin 2017.