Google X Projet Loon

Avec les projets Google X. Google s’attaque à des sujets qui représentent un énorme problème pour l’humanité, pour lesquels il faut trouver une solution radicalement différente qui passe forcément par une avancée technologique majeure. Si ces trois conditions sont réunies, alors Google va, au sein de Alphabet, essayer de mener ce projet à bien et le lancer avec le partenaire industriel futur le mieux placé. Si un tel opérateur industriel n’existe pas, Google va jouer lui-même ce rôle là.

Alors des projets dont vous avez certainement entendu parler comme la driverless car qui est devenu WAYMO, le projet Wing qui veut faire de la livraison avec des drones ou des ailes ou encore le projet Makani qui veut faire de la génération d’électricité à partir d’énormes cerf-volants mieux que les éoliennes actuelles.

Waymo

 

Chaque idée, solution passe par 3 étapes:

  1. Rapide évaluation où on associe ingénieurs et artistes… et on teste l’idée pour voir si c’est jouable techniquement et sociologiquement. Typiquement il y a 100 projets par an qui passent par cette étape. 
  2. La Fonderie :  on met les moyens avec 10 personnes, des consultants externes et là chaque année il y a 12 projets qui sont ainsi traités.
  3. Enfin on est admis dans le projet X où on définit, comme chez les bons Venture Capitalists, où est/sont les faiblesses du projet. Ensuite, le franchissement  de chaque Étape du projet permet de montrer que le projet est solide, y compris face aux faiblesses repérées en amont, et déclenche un nouveau financement prévu à l’avance. Aujourd’hui il y a donc 4 projets dans cette dernière étape dont la durée peut être de plusieurs années.

Le projet LOON

Dans le projet LOON, qui a démarré en 2012, quel est l’enjeu? Il s’agit de donner accès à Internet aux deux tiers de la population mondiale qui en est encore privée. En termes d’enjeux, Google annonce que lorsque 10 % de la population local obtient l’accès à Internet, on peut attendre une croissance additionnelle du PNB de  ce pays de 1,5 % par an. Donc l’enjeu est énorme et il faut une solution robuste et économique pour y arriver. Aujourd’hui avec les solutions existantes cela est encore trop cher; Il faut donc bien un “breakthrough” technologique.

Alors justement quels ont été les obstacles technologiques à surmonter depuis 5 ans ?

  1. Tout d’abord cette technologie à l’hélium, pourtant déjà vieille de 100 ans avec les dirigeables de type Zeppelin / Hindenburg et que l’on pensait éprouvée, n’est pas suffisamment robuste. Les premiers ballons conçus avec les meilleurs polymères d’aujourd’hui, perdaient leur hélium trop rapidement et retombent sur terre après 24 heures. L’équipe a dû travailler pendant 2 ans avec les fabricants d’emballage plastiques, voire de capotes, pour voir comment résoudre ce problème de micro perforation qui empêchaient l’étanchéité. Ils ont finalement réussi à construire à un rythme industriel de 20 ballons par jour leur propre ballon tenant l’air en moyenne plus de 150 jours.
  2. BallonsEnsuite il faut pouvoir piloter ces ballons ou plutôt que les ballons se pilotent eux-mêmes en montant et descendant d’une couche stratosphérique à une autre pour capturer les bons courants ascendants. Pour ce faire, l’équipe commença par acheter toutes les 7 heures, 75 TeraBytes de cartes météo avec les courants dans la stratosphère. Mais surprise, ces cartes ne sont pas suffisamment fiables.  L’équipe décide alors d’utiliser les dernières technologies de machine learning et de laisser chaque ballon interpréter ces cartes météo et apprendre comment calculer son altitude pour rejoindre le point cible qu’on lui a fixé. Pour monter et descendre le ballon doit en effet avec ses panneaux solaires, alimenter un petit ventilateur qui vient remplir un deuxième ballon avec de l’air plus lourd au sein du premier ballon et ainsi alourdir ou alléger le ballon  qui va monter ou descendre.
  3. Puis il a fallu convaincre les différentes autorités contrôlant l’espace aérien que ces ballons semi-autonomes ne présentaient pas de risques lorsqu’ils traversent les couloirs aériens à la descente ou à la montée. Aujourd’hui un ballon reste en l’air en moyenne 150 jours et il doit donc traverser l’espace aérien deux fois et doit être récupéré à sa descente. Il a fallu donc faire des cours à tous les aiguilleurs du ciel lors de leur grande convention annuelle. Aujourd’hui Google X nous dit faire voler des ballon au-dessus de plus de 100 territoires.
  4. Enfin un autre challenge technologique est d’arriver à rester en liaison avec le sol quelles que soient les conditions météo. Par exemple lorsqu’il y a de la pluie, les ondes millimétriques ne passent pas et il faut passer à du laser … qui lui-même ne passe pas lorsque il y a des nuages. Ensuite il faut anticiper l’endroit du territoire le plus propice, là où les nuages ou la pluie sont les moins importants. Les ballons s’envoient l’information entre eux grâce à des rayons laser (qui fonctionnent   toujours parce que là haut, il n’y a pas de nuages) et qui peuvent communiquer à une distance de 80 km grâce à un faisceau laser qui vient toucher une cible de quelques centimètres sur le ballon suivant.

Voilà quelques-uns des obstacles qu’il a fallu surmonter au cours de ces 5 dernières années. Il faut une belle persévérance car aujourd’hui on compte à tout moment 50 ballons dans la stratosphère et fin 2018 Google X prévoit d’en avoir 500.

Pour démontrer leurs capacités, et pour aider la zone sinistrée de Porto Rico après l’ouragan Irma, Google X a réussi à déployer sur place en un mois et demi 4 ballons venant du Nevada et ainsi restaurer 50 % des connexions téléphoniques sur l’île … et ceci bien qu’il n’ait avant l’ouragan aucune relation avec les compagnies téléphoniques locales. Il intéressant de remarquer que Google a su intelligemment ne pas tenter de bypasser les opérateurs téléphoniques locaux mais au contraire se présenter comme un partenaire de roaming qui leur permet de récupérer le signal de façon plus économique et plus fiable qu’avec le système actuel à base d’antennes et de fibre optique.

En terme de déploiement industriel, il n’y a aucun acteur historique capable d’opérer des ballons à l’hélium 24h/24. Donc ici, contrairement au projet Google Car ou de la lentille de contact pour mesurer le diabète, Google/Alphabet va certainement créer une société d’exploitation. Cette nouvelle entité deviendra un opérateur de ballons- partenaire de roaming de premier choix pour les TELCO locaux –  et ainsi réaliser l’ambition de connecter les deux tiers de l’humanité, aujourd’hui privés d’Internet. On peut aussi penser que avec tout le travail de météo qu’ils font dans la stratosphère, demain Google pourrait aussi nouer un partenariat avec un des acteurs météo existant.

Météo - Google/Alphabet

Enfin pour témoigner que l’esprit entrepreneurial est toujours vivant chez Google, le jeune Français d’une trentaine d’années qui nous a accueilli et qui est responsable du contrôle de vol des ballons, a commencé chez Google dans la partie advertising comme tout le monde. Puis il a utilisé son temps libre projet à 20 % de son temps, pour aider LOON. Enfin LOON l’a embauché à plein-temps. D’après lui le rythme est tout à fait start-up et il mentionne que ces deux prédécesseurs ont dû quitter pour burn out.

Pour InnoCherche – Voyage de veille InnoCherche octobre/novembre 2017 dans la Silicon Valley.


 

La suite, le jeudi 21 décembre de 18h30 à 20h chez Renault Digital à Boulogne-Billancourt !

Venez écouter les veilleurs d’InnoCherche qui nous feront un compte-rendu de leur dernier voyage de veille en écosystème dans la Silicon Valley sur les thèmes suivants :

  • Google X : le projet Loon. Après 5 ans, le déploiement en 2018 ;
  • Principes de Management de Google : l’épreuve du temps ;
  • AI et Big Data: avec Area, la Self driving entreprise ;
  • Coursera, une nouvelle mission ;
  • AI ?! Dites plutôt KA « Knowledge augmenté » ;
  • Twist Biosciences : ADN manufacturing en 3D Printing ;

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