Un seul chiffre : 80% des entreprises vont disparaitre dans les 20 ans à venir. Pourquoi ? Parce que je suis la FNAC et je ne vois pas venir Deezer, Parce que je suis la Redoute et je ne vois pas venir Amazon, Parce que je suis le Club Med et je ne vois pas venir AirBNB…. Malgré le fait d’être une grande entreprise, pourquoi est-ce que je ne vois rien venir dans mes radars ? Pourquoi suis-je aveugle et incapable d’agir ?

 

Pour 3 raisons principales :

  • Pour des raisons économiques et financières, je préfère traire la vache à lait. Par exemple, je préfère continuer à vendre des CD et ne pas me préoccuper des serveurs qui diffusent de la musique.
  • Pour des raisons marketing et de communication, j’ai investi beaucoup, en temps et en argent, dans mon positionnement et mon message. Je suis une marque, je suis un média… Je ne veux pas changer de message. Par exemple, je préfère continuer à communiquer sur le luxe de mon hôtel alors que les clients particuliers sont à la recherche d’une expérience authentique dans des maisons d’autres particuliers.
  • Pour des raisons culturelles, j’ai investi beaucoup, en temps et en argent, dans ma culture d’entreprise pour que tout le monde au sein de mon organisation voit et pense la même chose. Par exemple, je préfère continuer à penser qu’une voiture est un bien industriel qu’il faut posséder et pas un service de mobilité.

Pour toutes ces raisons, je vais mettre en œuvre une stratégie défensive qui s’articule en deux volets :

  • Sécurisation de mon périmètre de marché (en posant des champs de mines réglementaires, en bombardant des concurrents par des procès longs et couteux et par des campagnes agressives de communication)

 

  • Innovation incrémentale : il s’agit d’améliorer les produits actuels à la marge (pour les rendre plus petits, plus beaux, plus rapide, plus légers, etc). On recherche un effet WAOUH à faible impact. A l’inverse, dans le même temps, les nouveaux entrants, les disrupteurs mettent en œuvre une stratégie offensive, une forme de Blietkrieg à l’assaut d’une ligne Maginot. Contrairement à l’innovation incrémentale, l’innovation de rupture crée de nouvelles opportunités et un important effet WAOUH pour les clients. Cette innovation de rupture remet en cause la chaine de valeurs et les process existants.

Le moyen privilégié de créer de l’innovation de rupture est de réalise de l’Open Innovation. L’open innovation est une capacité à créer, à animer et à valoriser un écosystème de partenaires autour de soi pour faire plus de business sur des opportunités qui n’apparaissent actuellement pas sur vos radars. Nous allons vous présenter les moyens de réaliser cette stratégie : Vous pouvez mener des actions autonomes et indépendantes en créant votre propre programme d’open innovation.

 

En 2011, PSA lance STELLab (Science Technologies Exploratory Lean Laboratory),

Objectifs :

  • identifier des pépites, les travaux que nous avons décidé de poursuivre pour voir s’ils peuvent participer à l’industrie automobile de demain (à horizon 2030)
  • disposer d’un maillage complet et efficace de son environnement technologique.
  • propose un interlocuteur expérimenté pour promouvoir leur innovation au sein du siège.

En 2013, AXA a créé Axa Seed Factory en février 2015, son premier pivot pour être rebaptisé aujourd’hui AXA Factory (programme d’accompagnement)+ un fonds d’investissement doté de 200 millions d’euros, baptisé AXA Strategic Ventures, AXA Strategic Ventures va réaliser son premier investissement dans Evercontact, le service cloud qui extrait les contacts cachés dans les emails, les partage et les met à jour automatiquement.

Orange Fab France est la version française du réseau d’accélérateurs mis en place par Orange, En avril 2015, avec 175 candidatures reçues pour son programme d’accélération, Orange Fab France et un parterre d’investisseurs et d’entrepreneurs ont sélectionné 6 projets très prometteurs.

Le 4 mai 2015, le groupe Beaumanoir (Cache-Cache, Bonobo, La City, Bréal…) a annoncé la création d’un accélérateur de start-up, Silicon B, spécialisé dans le commerce connecté. Les premiers porteurs de projets devraient intégrer la structure, à Saint-Malo, avant l’été.

BNP Paribas décline ainsi son programme Innov&Connect lancé en 2014 par une offre immobilière et d’accompagnement. BNP Paribas a inauguré le 16 avril 2015 son premier WAI – pour We are innovation – à Paris dans le 2e arrondissement pour héberger et accélérer des start-up, qui sera suivi prochainement par celui de Massy-Saclay. L’originalité de l’initiative se situe surtout dans la démarche d’accélération, gérée par L’Atelier (*), qui met en relation une ETI et une start-up pour travailler sur une expérimentation commune pendant six mois.

Du 28 janvier au 15 mars 2015, Ikea a lancé un projet d’Open Innovation en collaboration avec plate-forme Inventive, une startup française lancée en 2011. Parties du constat que les entreprises souhaitent pleinement profiter du numérique, Inventive leur propose alors de co-construire des challenges permettant de favoriser l’émergence d’idées. 3 challenges pour la marque suédoise sont actuellement ouverts sur la plate-forme :

  • la réduction du temps de livraison des meubles de cuisine et de salle de bain,
  • la réduction de la durée du montage et de la pose des meubles,
  • l’émergence de nouvelles idées autour de la cuisine et la salle de bain.

Le Groupe Amaury a lancé en novembre 2014 Amaury Lab, le premier incubateur lancé par un groupe de Presse en France. Développé en partenariat avec Paris & Co, Amaury Lab a une double vocation : accélérer le développement de startups en croissance et favoriser les passerelles entre celles-ci et le Groupe Amaury, afin de s’enrichir mutuellement dans une logique de co- développement. Vous pouvez aussi et surtout mener des actions groupées en vous appuyant sur un programme existant d’open innovation.

NUMA : Silicon Sentier était une association d’entreprises innovantes et d’innovateurs. En avril 2014, elle prend le nom de Numa.

  • coworking : La Cantine, ouverte par Numa en 2008, était le premier espace de coworking en France.
  • accélération : Le Camping, l’accélérateur de Numa, a été le premier créé en France. Il accueille 12 startups par saison de 6 mois.
  • expérimentation : en lien avec tous les acteurs de l’écosystème, Numa expérimente de nouvelles formes de collaboration, comme dans le cadre du programme DataShaker avec SNCF 6 ou d’un programme d’innovation interne avec Airbus

Cap Digital : ce Pôle de compétitivité permet de labelliser une réponse à appel à projet et de sourcer des startups pour organiser des meetups, des challenges et des Think Tank.

Et vous, passez à l’acte !

Le partenariat avec les startups est une première étape pour innover.
Il permet de re-définir l’écosystème de votre entreprise et de dessiner la vision que vous voudrez ensuite confirmer.
Certes il est tard, mais pas trop tard.
[Xavier Niel se lance en 2016 avec La Halle Freyssinet – ambition 1000 start ups et le + gros incubateur du monde.]
Pensez à profiter de toutes les bonnes pratiques (et les amuvaises) maintenant établies par tous ceux qui ont pratiqué.
Comme pour tout projet critique, mettez les chances de votre côté avec une approche bien préparée.

PREPARER son lancement, c’est :

1. Définir les objectifs prioritaires.

L’OI doit-il suppléer directement à la R&D interne sur des problématiques identifiées? ou bien créer un eco systeme innovant autour de votre entreprise

en lien avec son activité actuelle, ou lui permettre d’aller sur de nouveaux services en rapport avec ses atouts (data et connaissance client par exple)? Attendez-vous de l’OI une transformation culturelle de votre entreprise par la mise en contact de vos équipes avec des entrepreneurs agiles, et créer le sentiment d’urgence ? Objectifs externe d’image et de communication corporate? etc

2. Choisir le modèle pertinent

Le marché permet d’observer de très nombreuses approches en France mais bien sûr aussi aux USA, Allemagne, Israël et ailleurs.

La formule doit tenir compte de vos objectifs évidemment; du stade de maturité de start up recherché (incubateur, amorçage, accélérateur, …); des moyens que votre entreprise veut mettre en oeuvre (fournir des moyens matériels et des ressources, investir dans la start up – sur une période limitée ou de façon plus durable, à quel degré…);

Projet exclusif à votre entreprise ou en association avec d’autres entreprises, des structures existantes, des acteurs publics.

Définir le mode de recrutement – il s’agit d’attirer et de sélectionner les meilleures start ups pour votre projet (communication, critères, mode de sélection etc)

3. Quelles ressources humaines en interne

Rappel: Pas de véritable transformation sans la volonté de la DG et son implication visible continue. Si le démarrage de l’OI suscite questions et malaise en interne, c’est de la DG que doit venir vision, explications et encouragement à s’en saisir. Idem pour la crédibilité à l’externe.

Qui ensuite/quelle équipe dans l’entreprise pour piloter l’OI?

NB: les grands groupes pionniers de l’OI ont souvent des approches multiples parallèles (Orange)

Chez EDF – Electranova – c’est la R&D même qui pilote le projet OI.

Chez AXA – Axa Factory désormais abrité chez Axa Capital Venture – fond capital risque chez Axa life Invest. Mais aussi recherches de savoir faire ad hoc via Challenges chez Cap Digital. (BU Innovation)

Chez Beaumanoir, Silicon B dirigé par un ex start upper monté à bord de façon ad hoc.

Puis donnez-vous les moyens du succès:

1. Bien comprendre l’enjeu clé = le facteur humain

  • L’OI, c’est un partenariat comme un autre.
    N’apporte de valeur que si les équipes s’accordent et font de la richesse à partir de leurs complémentarités. Penser win-win pour les objectifs de chacun.
    A l’inverse le risque c’est que les différences et les postures malencontreuses bloquent la coopération
  • Or il y a un gap culturel énorme entre start up et grand groupe !!!
    Principalement dans le RAPPORT AU TEMPS, A L’ARGENT, et à l’usage de LIBERTE.
  • Pour cela, ne pas sous-estimer le temps nécessaire en pilotage et accompagnement. Choisir les bons profils côté entreprise aussi (y compris au niveau de l’envie). Travailler la convivialité, communiquer beaucoup souvent avec tous, développer la confiance mutuelle, célébrer toute les avancées. Accepter d’apprendre sur le sujet en faisant.

2. Soigner l’exécution

  • “Steal with pride”, profiter des expériences des autres pour chercher les best practices (et avoir en tête les worst). De nombreuses occasions pour cela: rencontres ad hoc, conférences, articles, clubs et plate-formes.
  • Flexibilité sur l’allocation des ressources
  • Oser démarrer petit et tester (“fail fast”) pour pouvoir s’améliorer et développer un modèle gagnant = le modèle lean des start ups et de l’innovation
  • Mesurer régulièrement les résultats à l’aune des objectifs définis au début. Adapter. Challenger aussi parfois les objectifs !

Pour aller au bout et trouver l’innovation de rupture qui renouvellera votre business model, suivez l’approche “Lean Start Up” d’Eric Ries. Elle s’applique aussi aux grandes entreprises. GE, General Motors, Toyota l’ont choisie. Toyota fait appel aux conseils de son auteur.

Outre les cycles de test – apprentissage – évolution itératifs et rapides, Eric Ries postule qu’il faut se donner les moyens: pas d’équipes à temps partiel, le budget total dès le début du projet, et la mission pour le team d’aller au bout de l’expérimentation pour confirmer ou infirmer rapidement la vision (“fail fast”) et s’adapter en changeant (“pivot”).

Google X a ainsi testé puis arrêté sa driverless car – l’humain n’est pas un bon back up contrairement à leur hypothèse. La solution est d’avoir une conduite entièrement automatique et de ne pas compter sur le passager pour reprendre les commandes. Ils ont échoué cette fois-ci mais appris pour la suite.

3. Découvrir – 1ère approche: le Trophée Innocherche

 

Informations, lecture, références

  • LIRE
    • BPI édite un guide « Innovation nouvelle génération »
    • La bible du start upper : Lean Startup – Eric Ries
  • Articles de presse

Au fil de l’eau : Le magazine Flipboard du Think Tank Open Innovation
https://flipboard.com/@bertrandpetit

  • VISITER

NUMA : Le + ancien incubateur à Paris – visites publiques

 

Hélène Duneigre et Thomas Hervouet-Kasmi, animateurs du Think Tank Open Innovation.