CR CES 2013 et WEB in Store

Par Bertrand PETIT

 

Nous étions une dizaine au CES de la Las Vegas, il y a quelques jours. Les discussions ont été fructueuses, particulièrement les débriefings du soir !

 Petit rappel pour ceux qui n’avaient pas suivi les CR CES précédents :
Depuis 2007, nous sommes entrés dans une ère d’accélération de l’innovation. En avril 2007, Steve Jobs présentait son iPhone. Nous sommes désormais « beyond Smartphone » thème repris en cœur à ce CES. Nous sommes en présence d’une orthèse, ce n’est plus un téléphone. Cette orthèse intellectuelle nous accompagne dans tous nos déplacements et nous aide même à faire nos choix.

De plus, avec ce nouvel outil,  nous entrons dans une ère de collaboration de masse.
Nouveaux usages et collaboration de masse ont deux conséquences pour toute entreprise à terme:

1. Le changement des business modèles : En regardant cette fois les signaux forts. Par exemple, le 31 août 2012, le Wall Street Journal jetait un pavé dans la mare de la distribution en titrant : « Can electronics store survive ? ».

2. Le changement des modes de management : La génération Y va trouver les seniors pour leur dire : « tu m’as nommé directeur machin, cela fait dix ans que je ronge mon frein en matière de collaboration, car si votre génération des mutants parle beaucoup de « collaboration », vous ne faites pas grand chose. Moi, j’ai déjà posté plusieurs articles sur Wikipedia, je suis actif sur plusieurs forums, confiez-moi les rênes ! »
Ce qui nous a marqués au CES :
Cette énorme sculpture sur le stand Intel, composée de 150 laptops soudés a un petit coté ironique à l’heure où pour la première fois, les ventes de tablettes ont dépassé les ventes de laptops au Q3 2012 aux US. « que fait-on des Laptop ? des sculptures ! ».
– Sur les usages : cette fourchette de Happilab qui a fait le buzz : elle vibre quand vous mangez trop vite.
– Tendances prévisibles : la télé 3D avec des lunettes c’est out… car l’homme est un animal avec vision 3D naturelle, maintenant nous en sommes à la 3D sans lunettes.

– « Every wall becomes a computer » : je transforme tout mur en écran interactif. Plutôt qu’un digicode, on pourra imaginer dans quelques années un nano projecteur.

– Avec Qualcom, qui annonce son chip quatre Core et avec de la transmission 4 G : je vous transmets des films en 4 X ou 4 K (soit 4 fois la HD actuelle) plus vite que vous ne pouvez les voir –  on approche donc de l’asymptote au niveau de mes besoins individuels : l’expérience utilisateur peu passer entièrement sur le Smartphone … avec juste de temps en temps le besoin d’un écran plus grand, ou d’un clavier comme périphérique.

– « C’est toi le bouton ». Steve Jobs se moquait des anciens Smartphones. « Moi, je vous ai mis le bouton dans le software, maintenant : je n’ai plus de bouton ». High control : ça marche, je n’ai plus besoin de télécommande.

– « I can hear your brain » : je pense, cela provoque des ondes, le drone s’envole. C’est une tendance forte. I can hear your brain, et potentiellement je peux vous le formater.

– « I watch your sentiment » : une caméra vous regarde. Je vous montre deux pubs de 45 secondes et on va débriefer seconde par seconde vos sentiments : l’ordi note si vous avez souris ou froncez les sourcils. Imaginez demain, quand vous ouvrirez votre Laptop et que la caméra repèrera que vous êtes perplexe au moment de l’achat. On pourra envoyer une assistante tout mettre en œuvre pour vous convaincre de « passer à l’acte ». acceptable ou non ?

Orthèse intellectuelle, télécommande universelle, sensor et palpeur !

L’an dernier on parlait de 4 écrans, cette année on en ajoute deux de plus avec les lunettes et la montre Androïd. On doit arrêter là la complexité : il n’y a plus qu’une unité centrale, mon Smartphone, ma télécommande universelle et tous les autres appareils deviennent de périphériques.

Pour espérer de l’adoption au-delà des « early adoptors », il faudra adresser cette demande « please no alien look and some integration. » Les Italiens arrivent avec la paire de lunettes avec pico camera et ordi caché dans les branches, les écouteurs au bout des branches, super look. Donc, l’orthèse de demain on aura le choix entre la montre, la lunette ou encore on se fera éventuellement greffer une puce derrière l’oreille.
Mon interface universelle bidirectionnelle : Mon Smartphone est en quelque sorte une interface bi directionnelle avec le monde extérieur. Si je sors mon Smartphone et qu’il ne se passe rien, je suis déçu ; j’attends un minimum de réalité augmentée.

Certains l’ont compris : Ford s’est montré très proactif au CES en encourageant tous les développeurs Ios et Androïd de développer pour Ford Sync : The « Ford infotainment developper program ». Le discours est le suivant : « chers clients de Ford, il n’est pas normal que vous attendiez des années pour avoir une nouvelle expérience utilisateur ». Demain, pour avoir une expérience utilisateur nouvelle dans l’habitacle, il suffira de télécharger l’apps sur le Smartphone et de mettre celui-ci dans la boite à gants … et hop je change de génération de voiture.

« Please no additionnal interface » ! Comme on l’a vu au début, j’ai toute la puissance de réception, j’ai mon film en 4 K quatre fois mieux qu’aujourd’hui dans mon Smartphone donc je refuse de réapprendre une nouvelle interface de Box ou Google TV. Apple l’a bien compris en termes d’ergonomie. Google doit encore décider d’abandonner Google TV pour tout passer sur Androïd.
Au niveau des usages, l’impression 3 D  sera bientôt en bas de chez vous. On en entend parler depuis pas mal de temps, cela pointe son nez. Aujourd’hui il y a 70 produits que l’on peut imprimer en 3 D : métaux, plastiques, céramiques, avec 20 têtes d’impression différentes. Bien sûr, le copy shop du coin de votre rue n’aura pas toutes les 20 imprimantes mais en montant un réseau de franchisés mondial, il vous garantira votre pièce de rechange sous 48h! C’est une transformation majeure qui nous fera passer de la « supply chain » au « demand management ».

« Networking or not working » : c’est toute la question de savoir traiter le syndrome du big brother pour p
ermettre une certaine adoption dans les différents réseaux. Il faut simplement que la valeur d’usage et surtout le sentiment du contrôle de son info soit supérieur à la criante de big brother.
Deux exemples :
Il y a deux ans, l’un des pionniers de la maison intelligente équipait toutes les maisons gratuitement avec des prises intelligentes. En contrepartie, il décidait quand on déclenchait la machine à laver pour éviter les pics de consommation. L’idée était pour l’utilisateur de faire des économies. En réalité, cela a provoqué un rejet fondamental de la ménagère qui ne veut pas que son « utility company » voit tous ses faites et gestes.
Dans le mouvement Quantify Self (QS) aux US, l’adoption est forte – malgré les craintes de voir big Brother ne plus me remboursé mon traitement si je ne prends pas bien mes pilules où ne fait pas ma gym – parce qu’il y va de ma santé et qu’en cas problématique, je ne transmets plus d’info … alors que ci-dessus dans ma maison, les prises sont équipées.
Enfin, un dernier trend long terme : l’éclosion du monde des robots avec en juin 2013, Lego qui va sortir une boîte de programmation de robots à 399$ dont la console centrale de programmation est proche de celle utilisée par les pros. Avec cela, les « Y au carré » où enfants d’Y qui sont nés avec une tablette, ils nous diront dans dix quinze ans : « grand-père, je t’ai fabriqué un petit robot qui te gratte l’oreille, comme tu as de l’arthrose… » … et il n’y aura pas de problème d’adoption car cela me sera proposé par mon petit-fils. 2013 … on entre dans l’ère du robot comme on est rentré en 1980 dans l’ère du numérique quand nos enfants ont commencé à pianoter en Basic sur le PC que nous ramenions à la maison!

Tendances digitales sur le lieu de vente

Par Minter DIAL
Après avoir longtemps travaillé chez l’Oréal (Redken), j’ai monté ma propre structure. « The Myndset branding gets personal », je continue la veille innovation axée marketing.

Je m’intéresse beaucoup au « digitail » (digital retail). De quoi parle-t-on ? D’une télé dans un point de vente ? D’un mur d’écrans ? D’une signalétique à l’extérieur utilisant des moyens digitaux ? D’un restaurant dans le 8e arrondissement équipé d’un écran qui affiche le menu  … mais où les prix ne sont pas à jour ?

Donner cette expérience digitale…sans donner du wifi est incohérent : Aujourd’hui, seulement 30 % des magasins aux Etats-Unis sont équipés du wifi, ce taux va passer à 50 % d’ici deux ans.

Par exemple, il est problématique de ne pas avoir de wifi dans l’Eurostar, pendant les 2 h 20 que dure le trajet entre Paris et Londres ! C’est long, surtout pour les gens qui facturent à l’heure, et qui sont les principaux clients de l’Eurostar !

Dans le « digitail », je catégorise 4 approches :

– Windows (la Vitrine) : comment le faire rentrer ?
– Terminal : on utilise beaucoup des terminaux qui n’ont pas d’interactivité ou de connexion internet,
– Interactive : on interagit  avec l’objet,
– Intégré : le digital est intégré dans une expérience immersive en on et off line, dans le MIX marketing au final.
Exemple intéressant : à Dublin, une boutique dans le métro propose de faire un scan, d’acheter le livre en ligne et de se le faire livrer ensuite.

L’expérience client que l’on a en ligne change la perception que l’on a en boutique physique.

Square, une application qui permet de payer avec carte bancaire, se déploie chez Starbucks (7000 cafés équipés actuellement).

J’ai vécu une expérience marquante à la boutique Burberry Londres : dans le hall, un énorme écran qui bouge, et du son programmé en fonction du temps qu’il fait dans la ville. Il y a aussi les vitrines interactives.

Quelle valeur donne-t-on à l’échange de ses données ? C’est un aspect fondamental.

Je souhaiterais insister sur quatre points :

– L’expérience client, surtout dans le luxe, repose sur la surprise,
– L’exécution est stratégique,
– Il faut investir dans la formation du personnel,
– Enfin il faut du talent !