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Notre Think Tank poursuit l’exploration et l’analyse du vaste univers de l’Open Innovation.

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Ces derniers mois nous sommes allés sur le terrain,visiter incubateurs de référence et pôle de compétitivité. Les incubateurs se multiplient (rappelez-vous la carte que nous vous avons montrée en juin, avec des implantations presqu’aussi nombreuses que les stations de métro sur Paris).

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Nous avons été reçus chez Cap Digital et Paris & Co, respectivement pôle de compétitivité de la région Ile de France etincubateur de la Ville de Paris.

Associations loi 1901, leur objectif est de favoriser l’innovation et de contribuer à la transformation numérique

Fonctionnant sur des fonds mixtes (dotations publiques et rémunérations de leurs services par les entreprises) ils ont commue priorité l’accompagnement des startups pour le développement économique et la création d’emplois.

Ils organisent et animent un écosystème favorable aux startups, à travers leur personnel permanent, des ressources partenaires (conseil) agréées et des services subventionnés, l’attraction des universités et des chercheurs. Leurs locaux abritent des espaces de rencontre et de coworking. Paris &co, incubateur, propose aussi de l’hébergement payant.

Ils organisent ou participent à des évènements numériques pour se faire connaitre et donner de la visibilité à leurs services, et devenir des références sur leurs sujets. Exemple : Cap Digital est l’organisateur de Futur en Seine, qui a vu passer 55000 visiteurs en juin 2015.

Pour les aider à se développer les incubateurs organisent et favorisent la rencontre avec les grandes entreprises.

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Les services que proposent les incubateurs dans le cadre de votre réflexion innovation.

  • Des rencontres ponctuelles ou d’exploration : meetups ou think tank, l’incubateur prend le brief et s’occupe ensuite de sources les startups adéquates, puis organise et pilote les sessions de travail en commun.
  • Des challenges Big Data ou Hackhathons : pour une entreprise qui veut ouvrir ses data et attirer des programmeurs pour développer des applications périphériques à son activité. L’incubateur reçoit le brief de l’entreprise et l’accompagne dans la sortie des data, puis gère l’appel aux startups, et le concours lui-même.
  • Lab dédié, incubateur sectoriel : l’entreprise se tourne vers l’incubateur etses équipes et lui délègue le lancement et l’accompagnement d’un groupe réuni sur une problématique.
    • Pour le Lab, offre d’expérimentation pour les startups, bénéficiant des outils de production de la grande entreprise ou de ses clients.
      Exemple : Amaury Lab chez Paris & Co, tourné sur les innovations du secteur de l’information et dont le second appel à candidature concerne le domaine du sport (« Données et information pour le sport et ses communautés »)
    • Pour un incubateur sectoriel, regroupement de plusieurs entreprises non concurrentes pour accueillr des startups en lien avec une problématique commune.
      Exemple : le Welcome City Lab chez Paris & Co = Paris Tourisme Innovation qui regroupe Air France, Galeries Lafayette, ADP, Carlson Wagons Lit Travel, RATP…etc et favorise des services innovants de nature à faciliter la vie des touristes

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Parmi les success stories de Cap, celle d’Aldebaran, que Thomas va vous raconter.

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La société Alderabana réussi à mobiliser un levier de croissance stratégique, celui de l’Open Innovation.

Elle a réussi à mobiliser plus que ce qu’elle possède et plus que ce qu’elle est capable de produire.

Comment a-t-elle fait ?

Son créateur Bruno Maisonnier rêvait, depuis son plus jeune âge, de faire des robots humanoïdes. Pour suivre la voie de l’intégration des robots dans notre quotidien, Aldebaran a décidé de fonder une famille de robots compagnons.

En 2005, la société mobilise un premier levier d’open innovation en entrant en incubation chez Agoranov.Installé au centre de Paris, l’incubateur Agoranov a été fondé en 2000 par quatre institutions scientifiques prestigieuses : les Universités Pierre et Marie Curie et Paris Dauphine, l’Ecole normale supérieure et ParisTech.

En deux ans, l’équipe compte 11 personnes et crée le premier véritable prototype de NAOde 58 centimètres de hauteur : ce dernier est présenté pour la première fois au public fin 2006.

Une opportunité apparait : Sony arrête la production du chien robot Aibo, qui est alors la plateforme standard de la RoboCup, manifestation annuelle qui se présente comme la Coupe du Monde de Robotique. En aout 2007, le robot NAO devient le robot de référence de la RoboCup.

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Entre-temps, la société n’est toujours pas rentable et est contrainte de mobiliser un troisième levier d’open innovation, le réseau d’acteurs extérieur : Cap Robotique, une association de 21 entreprises, au sein du pôle de compétitivité Cap Digital. La société Aldebaran a mobilisé cette communauté et une douzaine de partenaires industriels et académiques autour d’un projet structurant de la filière robotique française : le projet Romeo. Labellisé par le pôle de compétitivité Cap Digital (créé en 2006, Cap Digital est une association loi 1901 qui soutient la recherche & développement collaborative et  contribue à la dynamique des industries franciliennes de la création numérique), ce « projet FUI » (fonds unique interministériel) a été lancé en janvier 2009 : il a été financé par la DGCIS, la Région Ile de France et la Ville de Paris.

Le projet Romeo visait quatre objectifs couvrant plusieurs aspects majeurs de la robotique :

  • Une plateforme mécatronique et logicielle interactive, ouverte et modulable
  • Un Robot Assistant Personnel, des fonctions de surveillance et d’interaction homme – machine
  • Une plateforme robuste pour la recherche
  • Les bases d’un cluster industriel robotique

En quatre ans, Romeo est passé d’une vision ambitieuse de la robotique d’assistance à un robot de 1,4m, connu dans le monde entier. Les premiers exemplaires ont été commandés par des laboratoires français et européens. La dynamique fondatrice de la filière de la robotique de service française, créée par ce projet FUI, se prolonge déjà dans de nouvelles collaborations nationales et européennes.

La version 2 de ce projet Romeo a été lancé en novembre 2012. Soutenu par Bpifrance (La Banque publique d’investissement ou Bpifrance est un organisme français de financement et de développement des entreprises : elle regroupe Oséo, CDC Entreprises, le FSI et FSI Régions) comme projet structurant des pôles de compétitivité (PSPC) du Programme d’investissements d’avenir, ce projet de 4 ans regroupe 16 partenaires industriels et académiques.

Le projet Romeo 2 s’appuie sur les bases initiées par le projet FUI et se focalise sur les axes qui n’avaient pas pu être traités et qui sont néanmoins indispensables pour l’acceptabilité d’un robot humanoïde de grande taille au domicile de personnes en situation de perte d’autonomie :

  • La sûreté informatique et physique
  • La capacité à apprendre les habitudes de son utilisateur pour en comprendre toujours mieux les besoins et les intentions
  • Les applications d’assistance à la personne

Fin 2011, la société Aldebaran mobilise un quatrième levier d’open innovation, le code open source de NAO : elles permettent aux enseignants et aux chercheurs de créer des nouveaux usages autour de la plateforme robotique NAO dans les universités, établissements d’enseignement et les laboratoires de recherches.

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Fin 2012, la société Aldebaran n’est toujours pas rentable et mobilise un cinquième levier de l’open innovation, la prise de capital par SoftBank qui réalise une commande

Pepper est robot humanoïde simplifié (il roule au lieu de marcher), capable de gérer des fonctions d’accueil, divertissement des clients et de conseil (assistant à l’achat), voire même de vendeur, grâce à ses facultés d’interaction, incluant notamment:

  • la reconnaissance de visages, mémoire (moteur d’intelligence artificielle)
  • la reconnaissance des émotions (satisfaction client)
  • la synthèse vocale et gestuelle expressive
  • en plus de la tablette tactile et de sa connexion internet (pour compléter ses connaissances)

Dévoilé lors d’une conférence, le 5 juin 2014, les robots Pepper ont été déployés dans les boutiques de Softbank où ils sont chargés d’accueillir les clients, de les conseiller et de les distraire pendant l’attente.

Depuis le 20 juin 2015, 1000 robots Pepper sont en vente chaque mois, au prix de 198 000 JPY, soit moins de 1 500 €. Ce prix est extrêmement bas pour un robot. C’est en effet moins que le coût de production du robot. En plus du prix d’achat, il faut compter 200$ d’abonnement mensuel. Grâce à quoi Softbank espère rendre Pepper rentable.

La filiale japonaise de Nestlé a commandé 1 000 robots humanoïdes Pepper, pour les utiliser à partir du mois de décembre 2014 pour vendre les machines à café Nespresso dans leurs points de vente au Japon. Nestlé devient ainsi le premier client officiel à s’être équipé du robot d’accueil Pepper.

Nestlé élargira l’expérience dans ses 1000 points de vente au Japon d’ici fin 2015.

Conclusion :

En juin 2015, l’avenir de Pepper semble se tourner vers la production de masse. Pour passer de l’expérimentation à la production, SoftBank compte créer une entreprise commune avec l’industriel taiwanais Hon Hai (plus connu sous son nom commercial Foxconn). La filiale, nommé SoftBankRobotics Holdings, sera détenue à 60 % par SoftBank. Foxconn y participera à hauteur de 20 %, soit 100 millions d’euros. Les derniers 20 % seront apportés par Alibaba, un site de vente par correspondance chinois dans lequel SoftBank est actionnaire.

La fabrication en masse de produits électroniques est la spécialité de Foxconn qui assemble notamment les smartphones iPhone de l’américain Apple. Alibaba proposerait quant à lui les robots Pepper sur son site de commerce en ligne en Chine.

Le fondateur et patron milliardaire de SoftBank, Masayoshi Son, est persuadé que les robots domestiques auront un jour la même place dans les foyers que les ordinateurs aujourd’hui.

« La robotique va devenir un terrain critique d’innovations technologiques avec des répercussions dans des secteurs comme la santé, les services publics, la recherche ou la vie à domicile », a estimé le fondateur et PDG du groupe Alibaba, Jack Ma.

 

Hélène Duneigre et Thomas Hervouet-Kasmi, Think Tank Open Innovation InnoCherche
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