NFT, Non Fongible Token, une histoire pas si récente

 

Imaginez le nombre de fichiers qui circulent aujourd’hui dans le monde depuis nos ordinateurs et le réseau dans son ensemble. Imaginez donc que l’un de vos fichiers devienne unique, dont le « certificat » serait non reproductible, traçable.

En donnant grâce au Hash et à la Blockchain (voir encadré ci dessous) la possibilité de caractériser puis suivre unicité d’un fichier et … on peut ainsi donner de la valeur à ce qui n’en avait pas avant car infiniment copiable et non traçable. 

Dans un monde numérique où nos vies sont en partie sur les réseaux, … les réseaux ont trouvé un moyen technique pour authentifier une partie de nos activités, pas mal non ?

 

Deux info technique pour comprendre NFT: la garantie de l’unicité et de la traçabilité.
FONGIBLE: “qui se fond dans la masse”. Une pièce de monnaie est fongible dans tous les sens du terme. Un billet de banque est non fongible car il a un numéro qui est son identifiant unique.
Hash comme identifiant unique: Tout fichier informatique ( photo, mp4, doc …) est une suite de 00II000.  Un fonction Hash, est un programme genre polynomial ( Hash= a Xn       où X et le nombre écrit en binaire de votre fichier). Si vous changez un seul caractère de votre fichier, le Hash est complètement différent. Le Hash est le Token qui vous donne un droit de propriété sur ce fichier digital.
Donc a chaque fichier, un Hash qui agit comme une sorte de carte grise, de carte d’identité de l’objet, qui va être sauvé dans une blockchain (comme un bitcoin) qui dans son grand livre (general ledger) atteste que ce fichier digital est à vous. Le Token vient ainsi remplacer le tiers de confiance (état, Notaire …) pour dire qui est le propriétaire de l’article sous-jacent. Une des première application de la Blockchain a été pour remplacer le cadastre dans des pays en développement.

Pour approfondir ce panorama, il faut bien comprendre que les NFT permettent de transférer  un droit de propriété sur un objet quelconque (physique ou digital) , (si sous-jacent 100% digital, alors seulement peut prouver la traçabilité).  

  1. Pour un bien physique, ce titre de propriété pour vous garantir que vous êtes propriétaire de ce qui est authentique dans le monde physique –  a besoin d’un tiers de confiance régalien pour faire le pont avec le monde physique.
  2. Pour un bien digital, à usage dans le monde digital, ce tiers de confiance physique n’est pas nécessaire car l’objet ne sortira jamais du monde digital. (exemple arme d’un jeu Ubisoft)

Aujourd’hui, ceci explique que 99% des NFT en circulation ne se vendent pas ou peu, le 1% restant est très spéculatif, car très dépendant de l’écosystème qui le supporte comme le type de crypto monnaie utilisée, la plateforme utilisée, la pouvoir d’influence de son titulaire sur Twitter… bref du buzz qui nourrit la spéculation  … comme sur le marché de l’art moderne classique où un achat de LVMH va faire la cote de l’artiste, la « valeur de son point”.

Par ailleurs, on voit bien que nous entrons avec les NFT dans un phénomène plus vaste et large, celui de l’économie virtuelle, qu’il nous faut apprendre à décrypter, comprendre, elle en est à ses balbutiements. Dans ce court article de vulgarisation, nous essayons au mieux de donner des points de repère.

NFT et le monde de l’art

Pour restreindre notre focal, intéressons-nous au monde de l’art qui a permis de populariser une notion très présente dans les jeux, le « gaming » chez les éditeurs de jeux – d’abord Fornite puis plus tard de Minecraft. 

Pourquoi le monde de l’art s’est-il intéressé aussitôt à cette possibilité ? Pour plusieurs raisons

  1. Sans doute parce qu’il est originellement troublé et gêné par la question du double et du faux. La possibilité, demain, d’authentifier tout, et vérifier de façon sûr que le document électronique n’a pas été altéré peut être en soi, une très bonne chose. Là encore, lisez bien entre les lignes, rien ne vous empêche de créer autant de jetons, token sur des fichiers qui seraient aussi des copies d’une œuvre elle-même déjà authentifiée. Mais il n’existe qu’un seul NFT de cette œuvre, ou autrement désignée « crypto art » et non simplement comme « art numérique », signé de vous.
  2. Et puis l’art s’intéresse à tous les nouveaux moyens de créer … donc comment créer en digital . Lorsque l’on parle d’art, de crypto art, de quoi parlons-nous ? Commençons par parler des artistes déjà établis, ce sera plus facile. Des œuvres non originales sont perçues comme des œuvres d’art depuis toujours. Rodin a fait fondre beaucoup d’exemplaires de ses sculptures originales, et personne n’en est troublé, une photo de Gursky est vendue à cinq exemplaires ainsi que des tirages spéciaux ou épreuves d’artiste, etc. Donc la question de l’unicité n’est pas le sujet central du monde de l’art. Toutefois pour certaines œuvres, revendiquées comme uniques et attribuées, une peinture de Georges de Latour par exemple, cela restera intrinsèquement une vraie question, et la valeur sera directement attachée à l’unicité de l’œuvre du peintre, aux côtés de sa place dans l’histoire de l’art, sa technique, ses collectionneurs, son volume de production, l’époque où il a vécu, vivant ou non… 

Pour les NFT et plus particulièrement le crypto art, ce qui donnera indubitablement de la valeur à une œuvre numérique, ce sera son caractère original, nouveau, une forme, une animation, un effet, enfin un message, qu’on aura su créer avec l’aide d’un ordinateur. 

Il y a 4 ans au SXSW, nous avions expliqué l’engouement pour les crypto kitties. A l’époque il fallait que l’éditeur du jeu se porte  Tiers de confiance; c’est lui qui suivant des règles précises  créait les petits chatons digitaux par copulation digitale soigneusement programmée. Avec le métavers et les NFT, on va un cran plus loin ( … comme expliqué par Ubisoft) où les règles du jeu peuvent être mises dans une DAO et le besoin de tiers de confiance disparaît.

Aujourd’hui, une œuvre qui ne pourrait pas exister autrement, telles les réalisations de Trevor Jones.  Ça, c’est le monde parfait. Ce qui trouble l’image des NFT c’est que vous voyez circuler des figurines un peu ridicules et assez grossières, qui sont un vrai pied de nez à tout jugement esthétique, soit. 

 

Où on retrouve notre premier point de référentiel NFT:
  1. Seul un objet créé dans le digital pour une utilisation dans le digital peut être 100% traçable et donc protégé dans une blockchain sans tiers de confiance type Bitcoin ou Ethereum. 

Dans le numérique, il faut savoir développer et utiliser des codes ou des logiciels, savoir jouer en ligne aussi.  Il y a ainsi un côté très geek dans cette culture et elle a ses habitudes, ses communautés, son esthétique et sa génération. C’est à ce point précis que tout est brouillé. Les geeks, les joueurs, utilisent les NFT comme un nouveau champ de collection, ils ne pensent pas vraiment à l’art, ils collectionnent ce que l’on appelle des « collectible », des images qui ressemblent plus à de collections d’images que l’on échange sur les bancs de l’école, ou au cœur des jeux, comme des avatars, des masques, des armes, ce sont des objets numériques et des laboratoires de développement ou des éditeurs sont en général derrière. Ils ont ainsi popularisé les NFT car très vite l’unicité a permis d’ancrer une valeur. Cette valeur, associée à des crypto monnaies a fini de confondre la valeur de certains « collectible » avec les cryptos ayant permis l’achat. Ces achats se font au moyen d’un « wallet », votre portefeuille de valeur qui a été chargé au préalable avec de l’argent ou des cryptos en provenance d’un autre wallet notamment des Bitcoins. 

Pour mieux comprendre le phénomène, il est nécessaire de raisonner en strates non hiérarchisées car elles se cumulent : 

  • Une abondance de créations numériques et la possibilité de copier-coller
  • Une création numérique, pas toujours originale, 
  • Un certificat ou jeton qui authentifie le fichier, 
  • Une plateforme d’échange pour faire savoir que vous possédez un NFT, 
  • Des laboratoires qui spéculent sur leurs développements et leurs figurines, 
  • Une communauté qui s’enthousiasme pour la nouveauté, 
  • Des crypto monnaies sécurisées dans vos portefeuilles numérisés ou « wallet » sans qui rien ne se fait. 
  • Une envie furieuse de revenir aux origines du web avec sa version 3.0 décentralisée sans tiers de confiance … et surtout pas  un GAFAM.

On ne s’étonnera plus alors de l’emballement que forment cet ensemble un peu disparate et qui selon l’angle avec lequel vous décidez de le regarder insiste sur le caractère spéculatif, technique, culturel, artistique ou tout à la fois. 

Pour commencer le travail de notre nouveau Think Tank, nous résumons ici nos premières convictions qui font partie de notre référentiel NFT/Metavers.

 

Où on retrouve notre premier point de référentiel NFT :
  1. Seul un objet créé dans le digital pour une utilisation dans le digital peut être 100% traçable et donc protégé dans une blockchain sans tiers de confiance type Bitcoin ou Ethereum. 
    1. exemple: l’épée de World of Warcraft qui a permis au champion du monde 2018 de l’emporter en final
    2. le lot de terrain de LVMH dans le Metaverse Sandbox
  2. Pour le reste … c’est un genre de jeux spéculatif entre des détenteurs de crypto-monnaies qui ne peuvent pas sortir leur argent vers le monde physique. Cela fait penser à la spéculation sur la tulipe en Hollande au XVème siècle. Vu l”effet multiplication des réseaux sociaux  à l’échelle mondiale ; le pschitt sera 1000 x plus fort

Laurent LEHMANN, le 30 mars 2022.