Les usagers des services de la plateforme UBER sont parfois victimes d’agressions, de viols et même de meurtres qui sont de plus en plus souvent déclarés à la police. Et, à chaque fois, UBER présente ses excuses en disant “Uber est juste une plateforme et ne peut être tenu pour responsable” … refrain qui ne passe plus.
En 2016, la municipalité de AUSTIN, TX, avait exigé la vérification des antécédents des chauffeurs et cela avait fait sortir, de façon temporaire, Uber et Lyft de ce marché. Ils se justifiaient en disant que leur méthode de sélection des profils par du Big Data suffisait. En fait, de big data, c’est plutôt une vérification très rapide sur deux base de données … et ils n’ont pas voulu, à l’époque pousser à fond dans cette voie. Le scandale de Cambridge Analytica pour Facebook a montré que les excuses ne suffisent plus lorsqu’on se veut une marque … il faut aussi être tiers de confiance.
De manière subie ou volontaire, Uber devient petit à petit, pour préserver son image, tiers de confiance comme les compagnies de taxi le sont, eux qui choisissent leur chauffeurs et en sont responsables.
UBER donc contre-attaque avec une communication récente sur ses brevets en IA utilisée pour détecter au travers de votre usage du smartphone si vous êtes en état d’ébriété et donc pour être capable de détecter parmi les chauffeurs et parmi les clients (?!), ceux qui sont en état de conduire ou d’être conduit. Ainsi UBER a bien rappelé que sa plateforme “many to many” a aussi eu des cas d’agressions de chauffeurs ! Mais la symétrie n’est pas valable car c’est justement lorsqu’on a un peu trop bu qu’il vaut mieux commander un UBER.
En terme d’usage, les compagnies de taxis ne se plaignent plus trop et ne sont pas en faillite. Elles ont dû, étant donné cette nouvelle concurrence, faire des progrès en terme de service et de rapport qualité/prix (politesse, courtoisie, transparence). Sans trop le dire, elles sont assez contentes de l’évolution de leur situation car, depuis l’arrivée des plateformes de VTC. Si l’offre a augmenté, la demande elle a augmenté encore plus. Avec un stationnement pour les voitures particulières devenu quasi impossible, les particuliers qui ne veulent ou ne peuvent pas utiliser les transports en commun se sont reportés sur cette solution où ils sont aujourd’hui plus qu’il y a dix ans assuré de trouver une voiture pour les ramener chez eux.
Les plateformes de type Uber sont nombreuses à travers le monde. “Many to Many” elles permettent la création d’un nouveau marché de cotation libre où l’offre et la demande sont mises en relation et valorisées grâce à un algorithme qui fixe le prix d’équilibre. Si le tarif de base est connu et raisonnable, la partie “surge” que UBER déclenche lorsque l’offre de voiture est insuffisante elle est gardée secrète … créant un irritant pour le client qui se sent pris en otage avec un prix abusif à la sortie du match de foot !
Regardons comment les pièces du puzzle se sont assemblées pour permettre cette création de valeur et ce déploiement si rapides à travers le monde de ces plateformes de VTC :
- une expérience unique et nouvelle : on est rassuré quant à l’arrivée de son véhicule !
- Google Map et Waze qui “augmentent” les chauffeurs de taxi ou de VTC en leur supprimant le travail de recherche et d’optimisation du trajet,
- des GIG ou “économie à la tâche”, ici les chauffeurs, qui prennent ce travail au coût marginal (voiture déjà payée) en complément de salaire,
- et qui peuvent potentiellement répondre aux demandes quand les tarifs augmentent en période de pointe,
- des passagers demandeurs qui, progressivement remplacent la possession d’une voiture par l’accès à une voiture. C’est le fameux OSEG : Ownerships Sucks, Experience is Great.
N’oublions pas que ce business est transitoire et que les investisseurs parient aujourd’hui sur des plateformes de “robots-taxis” dont l’intérêt économique très fort est la suppression de 70% des coûts grâce à la suppression du chauffeur.
Donc demain ou dans 5 ans ou dans 10 ans, villes après villes, les taxis seront remplacés par des robots-taxis. On ne sera donc plus dans une relation “many to many”. On sera dans un schéma de transport collectif où les villes accorderont des concessions à des opérateurs tiers de confiance responsables qui proposeront des véhicules autonomes, potentiellements télécommandés. Après les Taxis et VTC ce sera au tour de nos voitures particulières devenu 5x plus coûteuse que l’alternative du Robot-Taxi. Une étude présentée par GM estime que 70% des kilomètres parcourus aux USA seraient économiquement remplaçable pour une solution robot taxi.
L’enjeux est donc énorme, et on voit déjà poindre les nouveaux acteurs de cette économie, autres que les VTC actuellement en place :
- Des constructeurs automobiles comme General Motors, et surtout Tesla, qui vendront des kilomètres à la demande et non plus des voitures,
- Des intermédiaires, Tiers 1 comme Valeo ou BOSCH, qui fourniront le hardware et le software avec lequel n’importe qui pourra construire son robot-taxi,
- Des sociétés de l’algorithme comme Google ou comme Uber,
- Des opérateurs de transports publics comme la RATP ou Transdev.
Aujourd’hui Softbank, qui est le plus gros acteur, focalisé à 100% dans ses participations dans toutes les sociétés de VTC à travers le monde, commence à investir sur les autres gagnants potentiels comme la JV de GM. Parions qu’il va aussi prendre des participations chez les autres acteurs comme Transdev ou Tiers 1 spécialisé dans les systèmes intégrés.
Partie de Monopoly globale passionnante à observer !
InnoCherche – Juin 2018