Welchisme et destruction du capitalisme
Comment en est-on arrivé à cette dystopie face au modèle de démocratie libérale ?
La sortie de l’excellent livre de David Gelles sur Jack WELCH “the man who broke capitalism”, est l’occasion de remettre en cause idées libérales et de tirer les leçons de cet aveuglement collectif de nos démocraties libérales à l’école de la pensée néo-libéral théorisée par Milton FRIEDMAN et incarnée dans l’entreprise par Jack WELCH.
Petit retour en arrière, fin des années 70, début 80, la guerre du Vietnam est perdue et la concurrence japonaise fait rage… Le moral américain est au plus bas ! L’Amérique a besoin de reprendre confiance en son modèle de société et donc de dépoussiérer son capitalisme. Dans ce contexte, le message de Milton Friedman et de son école de Chicago à tous les acteurs économiques est simple : « greed is beautiful »… version américaine musclée et sans complexe du « enrichissez-vous ! » de Deng Xiaoping ou de de Gaulle
La théorie du Prix Nobel
Pour atteindre l’optimum du bien-être de la Nation, l’optimum du PNB, il faut et il suffit, selon Friedman, que chacun s’occupe de son petit optimum personnel ; que vous soyez un individu ou une entreprise, laissez vous attirer par l’appât du gain. Respecter la loi… et pas plus: les externalités négatives, c’est au gouvernement de s’en préoccuper et de faire les lois et de taxer pour inciter les acteurs économiques.
Cette pensée néolibérale est cautionnée par le prix Nobel d’économie qui lui est décerné en 1976.
Cette théorie nourrit l’ère de Ronald Reagan dont Milton Friedman est conseiller économique. Après Reagan, les démocrates aussi, notamment en la personne de Bill Clinton, adhèrent à cette pensée unique du néolibéralisme. Bill CLINTON aurait dit « we are all Friedmanite » … et , plein d’arrogance en 1998, il déclare dans un toast au président chinois Jiang ZEMIN venu le visiter à la Maison Blanche – “ you are on the wrong side of History” – certain que l’économie de marché conduisait forcément à la démocratie .
De Friedman à Jack WELCH
La théorie de Friedman avait besoin d’un grand patron qui la traduise en un mode de management concret : ce sera Jack WELCH. Encensé « Manager of the Century” par Fortune Mag en 1999, Jack WELCH va incarner cette pensée économique pendant 20 ans chez GE de 1980 à 2001.
InnoCherche – Welchisme – Novembre 2022.