Hyperloop, le projet de train hypersonique à + de 1200 km/h entre San Francisco et Los Angeles fait beaucoup parler de lui.
Moult raisons à cela : la disruption engendrée par ce projet (technologie, business model, usages, …) dont les 1ers essais vont avoir lieu en 2017, son initiateur Elon Musk, son mode de fonctionnement, etc. Bref, un projet qui ouvre de nouvelles perspectives et qui attire même l’intérêt de la SNCF qui aurait participé à une levée de fonds de 80 millions de dollars au bénéfice de la société Hyperloop One.
Cette initiative Hyperloop dont il existe plusieurs clones dans le monde est un pavé dans la mare pour les acteurs actuels du marché du transport de personnes mais pas que. En effet, Hyperloop ne se limite pas au seul transport de personnes. Son activité impactera aussi le transport logistique, l’énergie et surement d’autres secteurs directement ou indirectement. Le pavé est gros, la mare aussi !
En reprenant le modèle de Business design établi par la société Vianéo (société active dans l’écosystème Innocherche), nous allons décortiquer le projet Hyperloop selon 5 critères : nouveauté (légitimité), domaine, écosystème (acceptabilité), usages (désirabilité), offres (faisabilité) et business model (viabilité).
Niveau nouveauté : Dans le contexte du transport, le projet Hyperloop a pour objectif de désengorger une conurbation (à l’origine la Californie) par un transport collectif, écologique, ultra-rapide et pas cher.
Ce projet bénéficie de forts atouts humains, techniques et financiers. Tout d’abord en termes de moyens humains, il bénéficie de la personnalité, du réseau et des success stories d’Elon Musk. Niveau management, le CEO Dirk Ahlborn est un serial entrepreneur. Quant au mode de fonctionnement, toutes les équipes sont doublées, ce qui réduit les délais pour obtenir des résultats et accroitre la chance d’en avoir concrètement !
Ensuite, en termes de moyens techniques, Hyperloop est un projet qui a été documenté en amont et mis à la disposition de plusieurs équipes dans le monde qui avancent en parallèle. Le modèle Open Source a été mis en place dès le début, un Open Source qui permet de gagner du temps grâce au travail collaboratif de la communauté au niveau mondial. Diverses projets Hyperloop existent dans le monde, notamment un projet entre Bratislava en Slovaquie et Vienne en Autriche. Les technologies nécessaires semblent exister. Leur assemblage va être stratégique.
Enfin, en termes financiers, la fortune d’Elon Musk et plusieurs levées de fonds permettent à la société d’avoir les moyens de ses ambitions.
Hyperloop se positionne sur le transport terrestre collectif moyenne et longue distance. Vitesse de croisière estimée : Plus de 1200 km/h. A noter que le concept repose sur un train propulsé à très grande vitesse dans des tubes en hauteur. Hyperloop est donc plutôt dédié à relier des villes, des points en ligne droite, sans dénivelé positif ou négatif.
Diverses cibles d’utilisateurs peuvent être identifiées : les hommes d’affaires, ceux qui se déplacent pour leur travail de San Francisco à Los Angeles ou l’inverse, les enfants de parents divorcés, les gens pressés, ceux qui ne peuvent pas prendre l’avion, ceux qui veulent passer un week-end à SF ou LA… Sans oublier la cible B2B des logisticiens notamment pour les produits frais et périssables.
Quels sont les besoins des cibles ? Citons parmi les besoins : ne pas perdre de temps, confort de transport, être en sécurité, aller vite et transporter des marchandises sensibles.
Quid de la mare (écosystème) ?
De très nombreux acteurs sont déjà positionnés sur le marché du transport de personnes. Sans compter ceux qui sont positionnés sur des marchés qui vont aussi être concernés par Hyperloop : énergie et infrastructure par exemple. Tout cela ressemble à un océan rouge : de nombreux acteurs, forte concurrence. D’où l’importance de l’offre et du modèle économique.
En matière d’offre et de business model, le projet étant encore au stade de projet pendant encore quelques mois, difficile de prévoir les offres qui vont rencontrer leur marché et donc les business models pertinents. Essayons d’élaborer quelques pistes sur le sujet.
En termes d’offres, les dirigeants de Hyperloop One ont souligné que les technologiques pertinentes existaient déjà sur le marché. Tout l’enjeu est de les assembler intelligemment. D’ailleurs, il est prévu de créer un anneau prototype de 5 miles à Quay Valley dès 2017.
A partir des tests en situation, il sera possible de définir avec précision une roadmap produit et des usages gagnants.
Quelles pistes de monétisation pour le projet Hyperloop ?
Il a été d’ores et déjà annoncé que le billet serait peu cher pour les voyageurs. Encore une disruption supplémentaire sur un marché dont les marges s’effritent année après année. Le low cost redéfinit les lignes. Quels leviers de monétisation ? Quelques pistes :
- Licencing de technologie : La SNCF et d’autres transporteurs pourraient choisir des technologies « made in Hyperloop » pour leurs propres réseaux. En matière d’énergie, Hyperloop promet d’être fournisseur d’énergie. Des brevets à venir en la matière ?
- Des services à bord : vente de contenus et services à fort valeur ajoutée
- Revente d’énergie renouvelable (sujet cher à Elon Musk)
- Etre le transporteur de marchandises sensibles pour les logisticiens concernés
- Proposer des services au secteur public dans une logique de partenariat public / privé ou 100% privé (POT 8 ans)
- …
Emmanuel Fraysse et Bertrand Petit, animateurs du Think Tank InnoCherche Nouveau Business Model