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InnoCherche est un réseau de veille innovation qui se focalise sur les usages. Notre mission est d’aider les dirigeants à décoder les signaux faibles pour anticiper les changements à venir et à passer à l’action.

Parmi ces 7 Think Tanks, celui de la Smart City identifie, décrypte et vulgarise une fois par an en publiant des trends. Ces trends une fois validés par le jury qui a un rôle aussi de comité scientifique, vont être largement publiés pour lancer le “Trophée INNOCHERCHE Smart City” qui demande aux start-ups du secteur de venir illustrer ces trends par leur pitch.

Le contexte Smart City post covid en 2020 

Les fonctions traditionnelles de la ville : habiter, travailler, se déplacer, se nourrir, se soigner, se distraire… sont certainement et pour beaucoup de citadins, en risque, depuis le début de cette année.

À titre d’exemple, les modèles du bureau et du retail sont presque devenus obsolètes, ils sont pourtant très structurants.

Sans approfondir un courant critique de la ville, présent chez les urbanistes et les architectes, la cité offre malgré tout un pouvoir d’attractivité sans égal. À l’échelle des nouveaux moyens, technologies et solutions, proposées par la smart city comment mesurer ce changement de perception, et comment ce projet peut-il renforcer l’attractivité de la cité ?

La question climatique, quant à elle, est inévitable, la ville est le principal émetteur de CO2, faut-il alors réduire la voilure du développement urbain, aussi longtemps que nous n’aurons pas d’énergies propres ? Cette dimension nous questionne sur notre dépendance à la mobilité et à la mise en œuvre d’énergies de substitution comme l’hydrogène propre.

La montée en puissance des industriels dans les systèmes qui captent la donnée, selon des points d’entrée de plus en plus nombreux : capteurs mobiles, caméras… sont un encouragement à les multiplier. La donnée, ainsi recueillie ouvre des domaines d’application qui seront utilisés dans l’intérêt de tous, on l’espère. Mais cette même donnée devient un enjeu de souveraineté locale ou régionale et pose de façon plus pressante la question du tiers de confiance. C’est aussi le temps du politique qui est en jeu avec un équilibre à trouver avec les professionnels, devenus “superviseurs” et prestataires de service. Le temps institutionnel est lent, le temps « tactique » est plus agile, les solutions de la smart city devraient en toute logique nous aider.

L’infrastructure de la ville, à commencer par le parc des logements, des bureaux et des commerces est tout aussi sollicitée durant cette période de doute. L’adaptation du parc, par exemple selon des principes de réversibilité d’usages, pour mieux gérer des besoins nouveaux ou simplement plus pressants, est toujours possible.

Le bureau, perçu comme second lieu de vie a quasiment disparu en 2020 : comment lui restituer son avantage compétitif et nécessaire ? … Ou comment le réinventer.

Le rééquilibrage entre le e-commerce et les activités de retail, de longue date bousculée, a encore était fortement accéléré avec l’arrivée du virus et la période de confinement. De nouvelles solutions logistiques plus volontaristes doivent aussi être imaginées en centre-ville pour répondre aux nouveaux usages.

En complément une sélection de mots-clés pour aider chaque projet innovant ou en cours de déploiement pour trouver leur légitimité :

Voici donc les 5 trends identifiés en septembre 2020. Ils ont été validés par le jury qui sera ici le comité scientifique. Ils seront certainement encore enrichis dans les mois à venir.

Pour chaque trend, le concept est expliqué́, des exemples sont donnés avec les résultats observés et les enseignements que l’on en tire sont explicités de manière assez tranchée.

Les 5 trends Smart City

Pour dégager ces trends de notre veille, nous avons au sein d’InnoCherche des veilleurs venant d’horizon très différents avec quelques professionnels de l’immobilier pour discerner parmi les trends sur les usages ceux devant avoir un impact fort sur la ville de demain.

Pour cela, nous utilisons une méthode très robuste en remontant au niveau le plus haut de nos usages, à savoir ceux liés à la satisfaction de nos douze besoins fondamentaux. La ville, d’une façon ou une autre, a répondu et devra répondre demain à chacun de ces 12 besoins vitaux dont leur satisfaction évolue avec les nouveaux usages.

Après avoir regardé dans un premier temps comment la grande ville répond à chacun de ces 12 besoins, avant et après confinement, on sent poindre de nouveaux trends que nous affichons maintenant.

Réponse de la grande ville aux 12 besoins vitaux

Certains jeunes professionnels et urbains ont réagi rapidement dans leur choix de vie, à la suite du confinement… en cherchant des environnements de vie moins stressants et plus résilients.

La ville apporte une réponse à nos 12 besoins vitaux : habiter, travailler, se déplacer, se nourrir, se soigner, se distraire. Comme beaucoup de nos usages sont en train de changer post-covid, la ville, telle que nous la vivions, doit-elle aussi, nous faire de nouvelles propositions après cet épisode exceptionnel. Chacun, dans ses choix et usages personnels, compare et projette son existence au cœur des formats urbains existants. Si les définitions et les imaginaires de la cité sont multiples, la seule possibilité pour certains, de pouvoir travailler à distance, est subitement devenue possible et plus légitime. La grande métropole, la ville moyenne, ou le village peuvent répondre à ces attentes… et pourquoi pas, passer à l’action en décidant de déménager ou non. Cela ne concerne pas tous les citadins, nous chercherons à détailler de quel échantillon nous parlons.

Voyons en analysant les 12 besoins vitaux comment la ville nous permet de les  accomplir aujourd’hui par rapport à hier.

Alors que nous étions dans un schéma unique ou le développement urbain est considéré comme durable, pour accueillir à long terme, plus de la moitié de l’humanité. On assiste peut-être aujourd’hui à une inversion du trend de l’urbanisation à outrance. De façon ironique, ce basculement peut être daté de façon précise au 2 mars 2020, lorsque Mr Cuomo, gouverneur de l’Etat de NY, voulant à la fois préparer ces concitoyens au confinement à venir et les rassurer en disant : “la ville est le meilleur système de santé” et que parmi les villes NYC (New York City) était la meilleure … pour se voir contredire 30 jours plus tard avec un taux record de décès quotidiens.

Ce que l’on nous a illustré pour la santé, observons-le pour nos 11 autres besoins vitaux. C’est un exercice subjectif et personnel que chacun fait pour décider ou non par exemple de déménager pour trouver une meilleure qualité de vie.

En jouant avec le résultat de ce questionnaire d’opinion, voyons si, en prenant notamment le point de vue de jeunes professionnels, on peut anticiper une inversion du trend d’urbanisation qui, couplée à ce que nous avons vu précédemment, va entraîner des changements en matière d’urbanisation et d’infrastructure.

Présentons cet exercice, ce test sous la forme d’un tableau

  1. Respirer : même si les usines sont sorties des villes, et si le nombre de voitures en circulation dans Paris (pour prendre un exemple visible) diminue de l’ordre de 6 %/an sur les deux dernières années, le trafic dans son ensemble en région parisienne ne fait qu’empirer. On observe une préférence pour les villes “apaisées”… même si à horizon de 10 ans on peut espérer une mobilité décarbonée et pour tous (lien mobilité pour tous) qui pourraient grandement améliorer les choses comme le passage généralisé à l’énergie hydrogène.
  2. Se nourrir : la ville pouvait offrir la diversité de ses cuisines du monde entier… mais aussi beaucoup de fast-food ou de cantine industrielle. Préférence petites villes pour la fraîcheur supposée des produits, circuit court, potager…
  3. Se former : alors qu’il y a 25 ans, lors de mes études supérieures, il n’y avait pas comparaison : je devais monter à Paris, où à la métropole régionale – aujourd’hui cela se resserre. L’accès au MOOC avec une future généralisation de l’enseignement hybride offre des possibilités pour ceux qui ne voudraient pas aller dans une grande métropole. Les fameux MBA – déjà avant la période de confinement – ont dû revoir à la baisse leur tarif de scolarité devenu peu soutenable étant donné la concurrence des eMBA à 3000 – 5000 €/an.
  4. Se loger : depuis 50 ans, les prix de l’immobilier s’envolent dans les grandes villes. En 1970, un jeune cadre pouvait acheter un premier logement à 4-5 fois son salaire annuel de débutant. En 2019, c’était passé à 10-12 fois ce même salaire annuel (ces chiffres ne prennent pas en compte le taux d’effort lié au crédit immobilier, qui ont bien entendu joué un rôle déterminant dans l’évolution des prix de l’immobilier depuis 1970). “Comme nous l’avons vu avec la santé, la ville n’était plus aussi résiliente que cela, revoyons notre copie et allons à 200 km de Paris mêmes si les salaires sont 20-30% moins élevés, je trouverai un équilibre de vie et un pouvoir d’achat bien meilleur”. NB :Nous avons comme référence pour l’ensemble de l’évolution du marché lobservatoire du crédit logement.
  5. Se distraire : Il y a 30 ans il n’y avait pas photo. Les loisirs hors des villes étaient limités. Avec Netflix et YouTube il y a une accessibilité pour tous pour tout ce qui est cinéma. Avec la réalité virtuelle, on peut envisager des expériences aussi très riches. Avantage pour la petite ville, mais de façon moindre pour peu que l’on aime le cinéma. Certes la culture et les loisirs sont constitués d’une offre bien plus large et il est difficile de concurrencer l’offre des milieux urbains riches. Il ne reste pas moins vrai aujourd’hui que les jeunes déclarent s’ennuyer en dehors des villes. (source Laurent CHALARD, géographe, Juin 2020 ATLANTICO)
  6. Se vêtir : même phénomène avec la ville qui offrait un accès à la mode plus exclusif. Les ventes sur catalogue existent depuis toujours, mais l’expérience et la créativité proposée par ville restaient uniques. Aujourd’hui toutefois il y a une forte prise de conscience sur le fait que l’hyper consommation de la mode, on le découvre à peine, constitue la deuxième source mondiale de pollution. (chiffre sorti au G20 été 2019)
  7. Se déplacer : la progression du nombre de véhicules recule, l’usage des transports en commun progresse chaque mois, sauf depuis le covid. La crainte de la contamination fait fuir les transports publics. Le retour à la normale n’est pas encore observé et le STIF (Syndicat des Transports d’Ile-de-France) publie des chiffres de 70 % de reprise du trafic voyageur en IDF. La ville peut aussi compter sur l’accès à l’international avec ses hubs de transports organisés autour de ses aéroports. Demain on peut espérer une mobilité pour tous qui va foncièrement redistribuer les cartes. ((voir ci-dessous)
  8. Découvrir le monde : un grand coup d’arrêt avec le covid sur ces voyages au long court et ces WE à 2000 km en prenant l’avion low cost. On a vu l’essor de la plane Bashing dans les pays scandinaves suite à la prise de conscience des jeunes autour de Greta Thunberg et leur volonté d’éduquer leur parent. Cet été des tour-opérateurs réactifs ont proposé au lieu d’aventures à l’autre bout du monde, les gorges du Tarn ou les Cévennes. La difficulté des voyages et le “plane bashing” devrait détourner les usages des voyages au long court qui souffrent aujourd’hui à -66% (observation trafic Heathrow). Donc, ici, le besoin s’amenuise et l’écart entre ville et petites villes disparaît.
  9. Créer du lien social : la ville était encore, il y a peu de temps, décrite comme le meilleur écosystème d’innovation compte tenu du brassage de produits, services et rencontres fortuites que l’on pouvait y faire. Depuis quelques années, on peut faire partie de l’écosystème de la ville en n’y passant que quelques jours par mois[1]. La ville conserve toutefois un pouvoir d’attraction (“effet de centralité”) sans égale pour les talents même si provisoirement certains en doutent.
  10. Réussir, estime de soi : « pour réussir, tu dois monter à la ville ! » disait mon grand-père. Aujourd’hui on est plus dans une recherche d’harmonie vie personnelle vie professionnelle que l’on pense trouver plus au calme, si on a eu la possibilité de se constituer un patrimoine, un capital précieux de relations, et un bagage suffisant pour travailler à distance.
  11. Se protéger : toujours un peu plus de peur en ville à cause du manque de résilience versus les risques multiples. La ville demeure un terrain favorable aux crimes et délits de toute sorte plus récemment le risque cyber est apparu comme dans certaines villes en Ukraine où lors du conflit en Crimée avec les Russes, un véritable black-out a été déclenché à distance.
[1] une anecdote. Pour préparer le TEDxIssylesmoulineaux, nous rencontrons beaucoup de speaker francophone de genève ou Bruxelles. Lorsque l’on veut les rencontrer, ceux ci nous disent “ Oui j’habite Genève mais je suis à paris 3-4 fois par mois pour bien rester dans l’écosystème culturel parisien !”

Donc, si l’on regarde sur les 12 besoins vitaux, on voit une accélération des trends aux dépens de la ville peut-être sur 10 besoins sur 12. Mais ceci reste subjectif et très personnel.

En conclusion, si on joue au jeu de la moyenne sur une perception comme détaillé ci dessus, la note globale pour le milieu rural post covid reste stable de 2,8 à 2,6 alors que la grande ville elle dégringolerait 4 à 1,7 ;  C’est là le signe d’un véritable d’un déclic. Ainsi des jeunes professionnels ont déjà répondu positivement aux offres des villes moyennes ou à un changement de vie radical avec un retour à la nature.

Encore une fois, il ne s’agit pas de prétendre démontrer que toutes les villes vont souffrir et se rétracter (comme San Francisco commence à le sentir) … mais plutôt que cette réflexion sur les trends dans les usages doit pousser les villes à y répondre de façon proactive pour rester attractives et compétitives, en sachant écouter ces signaux faibles et en travaillant sur les 5 trends que nous proposons ici.

 

Les 5 Trends Smart City fin 2020

Ce mot-valise de smart city a dès le début de son histoire une consonance techno où la ville de demain était plutôt considérée comme la seule alternative pour un développement durable de la planète, et proposer de multiples capteurs de données pour être optimisée.

Post-covid l’objectif de la smart-city devient plus pragmatique : augmenter sa résilience.

 

1. La décarbonation de la ville

La ville doit constamment s’améliorer sur le besoin vital “respirer”. La tendance est objectivement bonne, mais les exigences s’accroissent et la perception des efforts n’est pas au rendez-vous.

La ville est une grande consommatrice d’énergie qui est en moyenne à 80% carbonée. Les données sur le réchauffement montrent que pour éviter des scénarios imprévisibles, il faudrait limiter le réchauffement climatique à 2° C en fin de siècle. Pour cela, nous devons tous baisser nos émissions de CO2 de 4% par an pour arriver à 1 T CO2/an/citoyen qui est ce que la planète peut digérer comme émission (contre 5 T en moyenne aujourd’hui)

Pour cela, il y a deux solutions qui vont devoir être menées en parallèle.

  • Une baisse de la consommation énergétique qui devrait entraîner une décroissance économique ;
  • Un remplacement rapide des 80% d’énergie fossile dans notre mix énergétique par de l’hydrogène vert. Il y a des raisons de penser que cela est possible, mais le pari aujourd’hui n’est pas gagné.
À retenir :

Les grandes villes doivent toujours faire plus dans ce domaine de la « décarbonation » et arriver à le faire savoir. Elles doivent surmonter leur peur de la transparence dans ce domaine comme nous l’avons vu à Paris avec la marche arrière sur les données de pollution locale (cf décision d’ AirParif d’arrêter la publication par quartier et par rue de la pollution locale)

 

2. La Mobilité pour tous

L’IDF ce sont 45M de déplacements quotidiens tous modes confondus avec un impact sur le centre de la ville qui ne cesse de progresser. (Voir les travaux de l’APUR). Le confinement nous a contraints à nous désintoxiquer de notre mobilité à outrance… et avec une certaine réussite… nous a fait réaliser à quel point la mobilité avait façonné nos vies. (voir livre blanc mobilité de 2018 fait avec la ville d’Issy-les-Moulineaux)

La technologie Driverless nous permet d’espérer une mobilité pour tous (contribution au grand débat)  d’ici 4-5 ans en passant de l’ère de la voiture individuelle à la voiture collective en driverless qui embarquera plus que 1,1 passager en moyenne et tournera 95% du temps jour et nuit (contre 5% aujourd’hui –  Lien contribution InnoCherche au grand débat vidéo ou texte)

Il a là une belle promesse égalitaire et libératrice pour les villes qui se retrouvent asphyxiées par les voitures… et aussi pour les campagnes où la mobilité pourra être proposée à tous.

De plus, dans un monde fortement endetté, il faut faire frugal, i.e. commencer à utiliser ce que nous avons en abondance. Aujourd’hui nous avons une abondance de bitume qui est saturé à cause de notre recours à la voiture particulière utilisée 5% du temps (95% en parking) et transportant en moyenne seulement 1,1 personne en moyenne. La voiture autonome partagée résout ces 2 problèmes.

À retenir : La Mobilité pour tous

Une voiture autonome électrique, sur Hydrogène de préférence, devra désenclaver les centres-ville et offrir une solution propre et économe pour la mobilité pour tous. Il serait dommage que les pouvoirs publics ne sentent pas venir ou ralentissent son avènement et continuent à construire des infrastructures dont nous n’aurions pas besoin d’ici 10 ans.

Les villes doivent aussi se garder de regarder midi à leur porte et en période de transition, et de prendre des solutions qui nuisent à ceux qui vivent en couronne.

 

3. Une ville connectée, pourquoi ?  Qui est le garant de mes données ? est-elle résiliente ?

Partons des immeubles, qui constituent le parc existant de la ville, ils sont par définition très structurants, et sont amenés à se transformer au grès des usages. Il s’agit principalement de les rendre plus performants et de répondre mieux aux attentes de leurs occupants notamment par rapport aux préoccupations climatiques.

Avec le BIM (Building Information Management) (voir les travaux de la SBA), la France s’est embarquée elle aussi il y a 8 ans dans ce chemin de la numérisation. Mais il ne faut pas perdre le cap ; il faut garder le sens de cette numérisation des données liées à l’immeuble, qui devient un objet facile à piloter et à faire évoluer et ainsi bénéficie à tous en commençant par les occupants.

Lors d’un voyage en Estonie, il y a 3 ans, nous avions visité la fédération locale du bâtiment qui nous avait tenu un discours très pragmatique. (Écoutez-le CR en podcast). Alors que la XRoad était en place depuis 2002, ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord, entre concurrents et sur toute la filière, sur des cas d’usage apportant un réel bénéfice au citoyen consommateur, et de plus ils se perdaient dans des bagarres de standard (interopérabilité) sur le BIM où chacun pensait garder un avantage compétitif en proposant le sien.

Bref il y a 4 ans, devant l’insistance de l’administration centrale qui voulait bien offrir de jouer le rôle de Tiers de confiance sur le BIM … mais uniquement s’ils remplissaient 2 conditions :  1- Valeur pour citoyen, 2- standard pour toute l’industrie… ils s’y sont attelés ! Ils ont proposé à l’administration de pouvoir soumettre les permis de construire sur le BIM standard qui feraient gagner plusieurs semaines dans son obtention.  À partir de là, le coup était parti et maintenant tout se fait sur le BIM pour chaque immeuble depuis le “as designed”, “as built” et “as maintained”.  Ainsi la profession a pu faire beaucoup en peu de temps et des économies … qui profitent in fine à tous les citoyens qu’ils soient propriétaires ou locataires.

À retenir – immeubles connectés et communicants: Pourquoi ? 

Il faut tirer les enseignements de cette expérience estonienne. Il faut militer sur un état tiers de confiance ultime qui garantit de façon contractuelle la primauté de la signature digitale faite sur son système Xroad. Ensuite en se mettant sous cette ombrelle, et en développant un standard unique de BIM adopté par toute la filière, les gains seront énormes. ( PS: n’hésitez pas à copier l’Estonie … ils sont demandeurs !)

Qui est mon tiers de confiance ultime ?

Après quelques années de promotion technologique de la smartcity par des acteurs comme Cisco, IBM avec quelques projets phare (Barcelone, Nice …) la série d’attentats et de scandale autour de l’exploitation des données (Facebook, Cambridge Analytica) a fait ressortir des craintes légitimes du grand public qui ne veulent pas d’une société Orwellienne comme celle qui se mets en place en Chine avec SÉSAME.

Qui utilise mes données ? Qui les stocke… pour quelle exploitation ? Les citoyens ont besoin d’un tiers de confiance digital. Ils se tournent vers les élus de sa ville pour le défendre et le protéger.

À retenir -ville connectée avec des superviseurs : où est mon Tiers de co nfiance ?

Un marché plus mature, des citoyens mieux informés exigent une nouvelle approche. Le service apporté doit répondre à un problème réel au-delà des scénarios “nice to have” d’une automatisation que personne n’avait demandé. La data collectée doit être garantie dans son usage par un tiers de confiance fort. Demain cela ira au-delà de ce que demande la CNIL avec la RGPD.

 

Ville connectée = ville Cyber vulnérable

Pour qu’une nouvelle ère digitale apporte le service attendu, il faut qu’elle aide à la résilience et notamment qu’elle soit solide en cyber défense.

Les exemples d’attaques abondent que ce soit sur les hôpitaux, les immeubles ou encore les réseaux d’infrastructure et donc les villes toutes entières. Une ville mal défendue sera attaquée et harcelée sans scrupules par les hackers. Plus il y aura de capteurs, plus il y aura de vulnérabilités.

De plus, en cybersécurité, tout mon territoire informatique doit être défendu depuis la moindre caméra ou le moindre capteur IOT. Sinon, si une attaque est déclenchée depuis mes caméras pour attaquer l’opération d’un tiers avec une attaque de type DNS (denial of service), la responsabilité du superviseur et de la ville seront engagées.

À retenir CYBER  :

Pour tout l’écosystème : Donc, si vous voulez être un acteur de la smart city, vous devez acquérir une compétence cyber forte portée par votre COMEX. Il en va de la vie des personnes que vous allez monitorer. Bref appliquez les 6 principes Cyber

 

4. Une ville verte

Il y a une attente de plus en plus forte parmi les citadins, un peu subjective, de vivre dans une ville verte.

Cela va au-delà de la ville fleurie avec des espaces verts. Une volonté de “renaturation” est souhaitée par les citadins et doit trouver sa place au milieu de ces solutions technophiles. La ville perçue comme polluante doit gérer à la source ces rejets et déchets. Cela concerne le traitement de l’eau, des déchets, la régénération de l’oxygène, la réutilisation, l’économie de partage…. Bref tous les leviers de l’économie circulaire.

De plus, dans le courant d’un retour vers une économie circulaire abandonné depuis 2 siècles, le citadin veut promouvoir des circuits courts notamment dans son alimentation. (cf Foodtech)

À retenir – Ville verte :

Ce souci regroupe beaucoup d’aspiration – qui rejoignent celles de l’économie circulaire – depuis le bien-être, l’efficacité et la bonne conscience. Le trend est plus profond que les vagues précédentes consistant à planter des arbres ou de verdir des façades.

 

5. Repenser la feuille de route “smart” des villes

Tout ce qui a été mentionné précédemment invite à repenser la ville de demain… en intégrant un phénomène post-covid de plus grande généralisation du télétravail.  En effet, au cours des deux derniers siècles, la ville a d’abord intégré en son sein ses ateliers de fabrication puis ses usines pour les chasser ensuite, soit d’abord vers les banlieues en 1950 et ensuite en dehors du pays fin XXe siècle pour parachever une économie devenue complètement linéaire.

Si demain le besoin en bureau change et que le télétravail devient la norme, est ce que la ville garde sa raison d’être en offrant une concentration permettant au maximum d’employés d’être proche de leur lieu de travail ? Le bureau devenant obsolète entraîne-t-il l’obsolescence de la ville telle que nous la connaissons depuis un siècle ?

Enfin au niveau de la supply chain des biens dans les grandes villes, les cartes sont en train d’être redistribuées post-covid :

  • Des commerçants ferment dans les centres commerciaux et dans les centres-ville
  • Des foncières achètent des marques (cf SIMON PROPERTIES) pour un peu mieux contrôler l’intégralité de l’écosystème et gérer la décroissance ou la transformation des centres commerciaux actuels ;
  • Les actionnaires de ces foncières qui cherchent du revenu récurrent notamment pour payer les retraites sont aussi fortement investis dans des entrepôts logistiques en couronne qu’ils louent aux grands logisticiens du e-commerce ;
  • Certains centres commerciaux se convertissent 100% sur de la vente d’occasion voulant surfer sur la vague actuelle poussée par les ados du shaming pour forcer leur parent à passer à des comportements plus responsables. Ils mélangent ainsi l’apport du digital sur la long tail qui permet à celui qui a un besoin de ne pas devoir chiner, mais juste de venir sur place pour voir en physique si le produit lui convient (ainsi évité des aller-retour coûteux et polluants).
  • Certains vont rebattre les cartes et réinventer à partir des usages d’aujourd’hui un écosystème complet de Supply Chain et logistique repensé pour la ville. (cf dépôt Monoprix sur techno louée à OCADO à Fleury Mérogis)
À retenir – repenser “smart” cities :

Les premiers signes vont venir du tertiaire qui aura des client voulant repenser leur bureau pour les rendre “covidable”. Mais cette réflexion doit aller plus loin jusqu’à repenser un retour au local de la fabrication sur place de produit customisé grâce à des technologies complètement propres à petite échelle (impression 3d, Bio synthèse..).