Smartcity avec digital twin ou comment suivre les Nx usages
Comme on l’a analysé, le confinement, par contraste, nous a rappelé combien la mobilité avait façonné nos vies depuis deux siècles. En se retrouvant contraint de rester chez soi, sans mobilité, finalement on a appris à vivre différemment. Et cela va avoir un énorme impact sur nos futurs usages en matière de mobilités … donc sur toutes les villes..
Écoutons LIME au CES. Le chargé des relations avec les municipalités rappelle qu’ils sont dans 130 villes, au début avec des vélos en « free floating » et maintenant surtout des trottinettes électriques et des vélos électriques. Ils travaillent à chaque fois avec les municipalités ce qui leur donne une perspective d’observation assez large.
Eux aussi ont vécu une année extraordinaire avec un coup de frein au mois de mars comme tout le monde : plus aucune utilisation des scooters. Et ensuite, ils ont observé les comportements de ces petites trottinettes électriques , qui avant étaient utilisées pour prolonger le dernier kilomètre après la station de métro ou de RER. Post confinement, ils ont observé des nouveaux comportements; soit carrément des grands voyages jusqu’en périphérie, soit des utilisations de weekends où les gens voulaient sortir de chez eux … bref une vulgarisation de l’usage de cette mobilité partagée.
Dans leurs relations avec les villes, très poliment, il constate deux attitudes :
1- Il y a ceux qui s’étendent : ils prennent des tas d’initiatives, si possible agiles (en prenant des pots de peinture et en créant des couloirs pour scooters ou pour vélos, pudiquement appelé urbanisme tactique par la Ville de Paris
2- Et ceux qui disent au contraire se contractent: “oh la la, je vais avoir des temps difficiles, je vais collecter moins d’impôts : serrons les budgets, refermons-nous sur nous-mêmes”
Aussi une considération historique avec deux catégories de villes:
1- Celles qui avaient pris l’habitude d’attirer des gens parce qu’ils n’avaient pas des attraits naturels qui, tout de suite au début de la pandémie, ont pu faire des publicités dans le métro parisien avec des grands panneaux qui disaient « Venez à Châteauroux, ou Nevers c’est génial… on vous accueille… »
2- Par opposition aux grandes villes comme New York ou Paris qui n’ont jamais eu cette préoccupation et qui maintenant se retrouvent un peu démunis pour faire valoir leur attractivité et que la ville a beaucoup de choses à offrir.
Parmi les villes, il admirait assez fortement Paris qui est capable de se réajuster rapidement à faire de l’expérimentation en laissant les cafés envahir la route, en changeant complètement de voies de circulation. Pour lui, ce sont des expérimentations très positives mais il faut arriver à bien les mesurer.
Pour visualiser et mesurer tout cela, nous avons repéré une Start-up: NUMINA. Dirigée par Tara Pham, cette société déploie des capteurs vidéos et, grâce au progrès de l’intelligence artificielle dans tout ce qui est analyse d’images, ils sont capables de faire une analyse sémantique de tout ce qui se passe dans le quartier. A quelle heure les gens sortent-ils leurs poubelles, comment le chien fait pipi sur le trottoir ou encore comment le livreur a garé son véhicule ? Tout cela bien sûr en anonymisant en local avant d’envoyer dans le Cloud (edge computing) des info sémitiques après avoir repérer des schémas des scénarios d’usages.
Comme on l’a vu dans le blog concernant le lancement du 2ème acte de la mobilité pour tous avec MOBILEYE, des cartes au cm mis à jour quotidiennement vont être disponibles et devraient être mis à la disposition des municipalités de base sur laquelle ils vont construire le digital twin de la ville.
Cela commence à être un thème assez fort pour les villes. On avait vu Alibaba il y a 3 ans au même CES, qui nous expliquait qu’ils mettaient ses plateformes de Smart City à disposition des municipalités pour qu’ils diminuent les embouteillages. Typiquement, Numina va venir ajouter sur cette plateforme tous les scénarios d’usage et ceci de façon très fine. Ils ont pu voir et mesurer dans les villes où ils sont installés, notamment à Singapour.
Ainsi la municipalité peut tirer des conclusions: la voiture qui historiquement occupait une bonne partie de l’espace publique se retire laissant la place pour que d’autres habitudes et nouveaux comportements se créent. En observant à quelle heure les gens sont sortis, comment vont- ils faire leurs courses ?… Et en uploadant dans un digital twin , vous pouvez faire des simulations de politique urbaine, et ceci de façon agile en faisant des tests rapides et même des tests virtuels pour voir les comportements observés comment cela pourrait impacter ou non. Et là, il y a une piste très intéressante pour toutes les municipalités.
Et puis, bien sûr, Numina dans les villes où ils étaient présents, ont pu mettre des alertes sur le social distancing : toutes les personnes qui ne respectaient pas les deux mètres… avec l’aspect flicage ou non flicage derrière. Notamment, ils ont pu proposer aux villes de faire ce qu’ils appellent des petits « parklet » ou des petites stations de parking – peut-être de trois ou quatre mètres de long libérés par les voitures où l’on va mettre dix ou vingt scooters au lieu d’une place de parking traditionnelle et ça change petit à petit les usages.
Le changement de paradigme énorme c’est qu’avant les villes pensaient infrastructures lourdes et puis les citoyens étaient priés de s’ajuster au nouveau circuit de circulation. Et maintenant idéalement, au contraire, c’est aux villes de s’ajuster aux nouveaux usages et d’être agile, et de ne plus imposer à ses concitoyens de subir les infrastructures pensées par une technostructure mais mettre des choses qu’on peut changer beaucoup plus facilement.