Etat des lieux sur l’E-éducation dans l’enseignement supérieur français –Yves Epelboin directeur TICE de l’UPMC livre son témoignage.
Le 19 février dernier le think-tank E-éducation d’Innocherche recevait Yves Epelboin, directeur des TICE à l’UPMC (Paris VI).
L’UPMC est la principale université scientifique française avec 32.700 étudiants dont 10.500 en médecine, le reste en sciences. 8.200 chercheurs y travaillent en plus de 2.300 personnels de soutien administratif.
A ce titre l’université est régulièrement confrontée depuis 40 ans à des problématiques de capacité d’accueil, particulièrement en médecine. Elle la pionnière de la diffusion multimédia de ses cours puisqu’elle retransmet les cours de médecine depuis 1975.
Yves Epelboin a partagé son expérience autour de trois points :
– L’actualité, en faisant le point sur les MOOC
– Les TICE à l’UPMC, idées reçues, outils existants, avantages et limites, perspectives d’avenir
– Les étudiants français et les TICE à l’université
Les MOOC – Massive Online Open Course
Les MOOC sont avant tout un phénomène américain (USA, Canada) nés dans une société technophile et confrontée à d’énormes défis économiques et sociaux dans le domaine de l’enseignement supérieur.
Pour simplifier les MOOC sont la dernière évolution des cours à distance que les universités nord-américaines développent pour trois motifs :
– Attirer de nouveaux clients
– Améliorer leur productivité
– Baisser les coûts
Le problème est vital : les coûts annuels payés par étudiant vont de 10.000 à 60.000 $ aux USA, ce qui n’est en plus qu’une partie des frais de l’université. Par comparaison la France consacre en moyenne 11.000 € par étudiant. Du coup l’endettement moyen par étudiant est de 25.000 $ aux USA (50.000 $ en réalité car la moitié des étudiants bénéficient d’une bourse).
Il existe de nombreux acteurs divisés en trois familles :
– Les réseaux d’université : EDX, Coursera, Canvas, Futurelearn
– Les fournisseurs de services : Udacity
– Les nouveaux acteurs : Open University
Les problèmes :
– C’est pas moins cher : 100.000 à 600.000 $ pour un cours
– Il y a un taux d’échec important : 90 %
– C’est au mieux certifiant et pas diplômant : comment identifier les étudiants avec certitude ?
Les perspectives :
– Outils de pré-recrutement pour la formation initiale
– Utile pour la formation continue et technique
– Une bonne manière de passer à un enseignement plus interactif
Les TICE à l’UPMC
– Idées reçues : les ressources en ligne provoquent de l’absentéisme
– Outils existants : cours en vidéo (streaming, téléchargement, direct), contenus pédagogiques en ligne, tutorat en web-chat, questionnaires interactifs en cours
– Avantages et limites : le contenu ne fait pas la pédagogie, les contenus doivent être préparés spécifiquement pour le web, les ressources en ligne améliorent les notes prises en cours et la compréhension des contenus
– Perspectives d’avenir : valoriser le temps investi par les professeurs dans la préparation de leurs ressources en ligne. Régler le problème des droits d’auteurs (moraux et patrimoniaux)
Les étudiants français et les TICE à l’université
– Constat : les étudiants français sont très scolaires et conservateurs. Ils ne savent pas mener de recherche documentaire pertinente ni utiliser internet de manière efficace.
– Demande des étudiants : des diplômes et des supports pour le bachotage.
– Comportement : fréquentation maximale deux semaines avant les examens semestriels, essentiellement de la consultation de supports de cours (vidéo des cours en médecine, support documentaire dans les autres disciplines). La fréquentation est répartie sur toute la semaine de 6h à 1h.
– Perspectives : développement des travaux en groupe et des exercices sous la supervision d’un professeur dans la mesure où l’on parvient à faire entrer dans les mœurs le travail de préparation de cours.