Impact COVID sur le budget des ménages …
donc sur le PNB
Après 3 mois, les ménages qui ont été confinés – soit 2/3 des Français – regardent un peu leur compte et s’aperçoivent qu’ils on fait des économies ! Très simplement ici on retrouve les ordre de grandeurs du panier des ménages.
Chez InnoCherche, pour notre veille transverse, nous revenons toujours aux usages. Donc pour comprendre l’impact de ce confinement sur nos usages et éventuellement les changements d’habitudes qu’il est en train de créer après presque deux mois, nous reprenons fort naturellement les 12 pans de la vie, nos 12 besoins vitaux et nous allons passer en revu pour chacun l’impact du confinement.
- Respirer : tout le monde apprécie un air moins pollué
- Créer du lien social, faire partie de la communauté…
Sur les 10 autres, le premier poste de dépenses c’est se loger. Pour fixer les ordres de grandeur, nous avons pris comme base une étude 2017 européenne sur les 28 pays membres, en répartissant les dépenses régalienne de l’état sur le PNB par habitant sur ces 10 postes avec dépense d’argent :
- Se loger: Si on y ajoute les loyers et l’équipement de la maison cela fait 22%. Grosses réflexions en cours dans cette période de confinement: qu’est-ce que cela veut dire d’être confiné dans un appartement de 70 M² avec 2 enfants ? Pas de gros changement dans le budget des ménages à court terme, si ce n’est l’utilisation massive des résidences secondaires pour ceux qui le peuvent… mais des grosses réflexions comme en témoigne par exemple le taux de clic dans toutes les agences immobilières sur les “maisons” qui a été multiplié par 5 par rapport aux appartements.
- Le deuxième poste c’est la mobilité, se déplacer : qui représente 14,6% du PNB. Pour ceux qui sont confinés, par définition, ils ne se déplacent plus, cela fait de grosses économies à la fin du mois. Bien sûr, il y a une bonne partie de ces dépenses qui sont des dépenses d’amortissement. Vivre confiné nous a appris à vivre sans mobilité et demain avec moins de mobilité: cela va refondre complètement le paysage sur 14,6% du PNB.
- Le troisième poste se nourrir : 15,4% du budget des ménages. Les ménages confinés découvrent qu’ils font de grosses économies puisque c’est eux qui font leur cuisine (Ils font leur pain d’où la pénurie sur la farine qui était en conditionnement industriel et qui a dû repasser en conditionnement pour les particuliers). Pour ceux qui sont en confinement, plus de cafétéria, plus de restaurant… je fais ma cuisine à la maison, donc cela peut être facilement 50% de ce budget affecté; à terme, combien de ce budget va rester impacté par ces nouvelles bonnes habitudes ?
- Le gros poste après, c’est tout ce qui est divertissement et découvrir le monde. Découvrir le monde, le grand tourisme international, c’est 10% du PNB mondial. Depuis 2 mois, un arrêt quasi-total : plus de compagnies aériennes, plus de croisières… On va avoir un sacré chamboulement. Les pays vont vouloir défendre leur champion comme Boeing, Airbus ou encore leurs compagnies nationales. Soutenir au niveau de l’offre, mais encore faut-il qu’après la crise, il y ait de la demande. Soit on revient “comme en 14” avec la prédiction d’un trafic aérien doublé en 2030 et un carnet de commande plein pour 10 ans ?! … soit cela va être nettement moins du fait de la Détox voyage au niveau personnel mais aussi au niveau professionnel où les dirigeants ont découvert qu’on faisait pas mal de choses en téléconférence et que ces aller-retour Paris-New York en 24 heures pour faire une réunion c’était complètement absurde. Rappelons que c’est avec cette clientèle Business (12% des sièges) que les compagnies aériennes gagnaient une grosse partie de leurs revenus (75% pour certaines) sur de ventes des billets business à ces messieurs du business.
Oeuf ou la poule: L’offre ou la demande ? La question ici va être cruciale. Qui va investir dans l’aérien après cette crise ? Ryanair a l’air de vouloir se battre encore contre les états qui financent leur champions. Mais arrivera-t-il à convaincre de nouveaux investisseurs que ce marché est toujours une énorme opportunité … au moment ou Warren BUFFET jette l’éponge.
Donc moins de business, moins de low cost ⇒ des billets plus chers ⇒ moins de demande ⇒ fin du tourisme de masse ?!? |
- Ensuite, il y a le budget se vêtir, le shopping : 6,1%. Vous avez vu en ce moment le coût d’arrêt sur le shopping … donc la fabrication. Au Bangladesh, de nombreux travailleurs du textile sont renvoyés chez eux du jour au lendemain parce que nous n’achetons plus. C’est un poste important et à terme, je ne sais pas ce que vont devenir les impacts qui resteront mais cela pourrait être, peut-être, 50% du total juste pour fixer les ordres de grandeur. De plus il y a un an, les chiffres sont sortis montrant que ce secteur est le deuxième plus polluant après les transports ? “tout est lié ?!” DETOX
- Un autre poste important c’est garder la santé. En Europe aujourd’hui, on dépense 12,6% : 8% payé par l’Etat et 4,6% par les individus. On n’est pas encore au niveau américain de 16% du PNB mais cela augmentait chaque année. Puis phénomène extraordinaire grâce au Covid, c’est que tous les outils de e-médecine que ce soit la téléconsultation, le diagnostic perso, la surveillance à domicile… se développent à la vitesse grand V. En France, la téléconsultation était multipliée par 10 ; en Angleterre, il n’y a pratiquement plus que cela comme consultation. Les personnels de santé qui, avant, voyait cela un peu d’un mauvais œil en craignant que l’IA prenne leur boulot, commencent à reconnaître que cela peut être un allié de taille puisque cela permet de continuer à pratiquer la médecine sans avoir le risque d’être contaminés.À moyen terme, le déclic se confirme au niveau de l’adoption, on peut raisonnablement penser que demain cela va continuer à rentrer dans les pratiques et que finalement, cela pourrait être un outil qui va éviter que les dépenses de santé continuent à exploser, en offrant un service toujours plus personnalisé.
- Se former. En Europe, c’est 5% du PNB payé par les Etats et 1,3% payé par les individus (6,3% total). Là aussi, découvertes par tous les enseignants et élèves de ces nouvelles formes de formations. Même raisonnement que dans la santé, cela pourrait permettre dans le futur une adoption plus rapide en rentrant dans des formules de formation hybride.
Si l’on récapitule, à court terme, en ce moment en temps de confinement :
- Mobilité réduite à 0 : -14% dans le budget des ménages,
- découvrir le monde : -10%
- se nourrir : on va dire qu’on dépense 2 fois moins. On passe de 14% à 7%
- se vêtir aussi 2 fois moins, par exemple qu’on passe de 6% à 3%
Si l’on fait la somme de ces 4 postes, on arrive à une économie de 34% dans le budget des ménages. D’où l’afflux de 2,7 Milliards sur le livret A des ménages en mars.
Bien sûr, ce n’est pas 100% des personnes qui vont effacer tout cela mais cela peut être ⅔ des gens qui télétravaillent ou sont confinés soit environ 20% d’impact sur PNB ( 34% fois ⅔) et vous arrivez au 20% de réduction à court terme de l’activité économique qu’on nous annonce au T2.
Demain ou plutôt dans 2 ou 3 ans… quand cet épisode Covid sera vraiment derrière nous, qu’est-ce qui sera rémanent ? C’est la grande question ! Est-ce que:
- comme notre prix Nobel d’économie Jean Tirole, les gens vont retourner “comme en 14” parce qu’ils ne vont pas renoncer à leur pouvoir d’achat
- où les gens vont réfléchir en disant « tiens, si j’arrive à avoir une vie plus équilibrée, et en ayant moins de mobilité, moins de découvrir le monde, moins de nourriture à l’extérieur et moins d’achat de vêtements!” Cela fait des impacts très forts. Si on ne garde que la moitié de ces 20% à moyen terme, vous voyez il y a 10% de l’économie qui disparaît. On tourne la page et on passerait dans un monde post hyper-global. C’est d’ailleurs l’analyse que fait The Economist en titrant 90% en indiquant ainsi qu’un retour à la normal post déconfinement total se fera à 90% étant donnés les changements d’usages rémanents.
Comme nous l’avons vu, il faudra faire des aller et retour entre l’offre et la demande et le rôle des gouvernements qui devraient plutôt se lancer dans des investissements vers le futur que soutenir des dinosaures du passé. Si vous regardez les gros postes comme l’aviation, découvrir le monde ou les croisières, je ne crois pas que demain on va repartir sur “la croisière s’amuse”… cela va être vraiment des changements d’habitude très forts. Même chose sur les voitures : est-ce que vous allez racheter une voiture en sortie de crise alors que vous savez que demain le type de voiture ne sera pas comme celle qu’on vous offre malgré que le prix du pétrole soit bas…
Voilà toutes ces questions éclairés du point de vue de la ménagère … et un bon sujet à suivre pour nous sur ce nouveau mégatrend DETOX.