Certains Français ont réagi rapidement dans leur choix de vie, à la suite du confinement … en cherchant des environnements de vie moins stressants et plus résilients.
La ville existe parce que elle apporte une réponse à nos 12 besoins vitaux : habiter, travailler, se déplacer, se nourrir, se soigner, se distraire… . Comme beaucoup de nos usages sont en train de changer (cf les Mega trends), la ville de façon globale, doit apporter de nouvelles réponses pour rester attractive et compétitive. Après cet épisode exceptionnel, chacun, dans ses choix et usages personnels, compare et projette son existence au cœur des formats urbains existants. Si les définitions et les imaginaires de la cité sont multiples, la seule possibilité pour certains, de pouvoir travailler à distance, est subitement devenue possible et plus légitime. La grande métropole, la ville moyenne, ou le village peuvent répondre à ces attentes … et pourquoi pas, passer à l’action en décidant de déménager ou non. Encore une fois cela ne concerne pas tous les citadins, nous chercherons à détailler de quel échantillon nous parlons. A ce sujet les statistiques de l’iNSEE sur les données issues d’un partenariat avec Orange et l’itinérance de ses abonnées. .
Voyons en analysant les 12 besoins vitaux comment la ville nous permet de les accomplir aujourd’hui par rapport à hier.
Alors que nous étions fin 2019 dans un schéma unique de pensée ou seul le développement urbain était considéré comme durable, pour accueillir à long terme, plus de la moitié de l’humanité, on assiste peut-être aujourd’hui à une inversion du trend de l’urbanisation à outrance. De façon ironique, ce basculement peut être daté de façon précise au 2 mars 2020, lorsque Mr Cuomo, gouverneur de l’état de NY, voulant à la fois préparer ces concitoyens au confinement à venir et les rassurer en disant :“la ville est le meilleur système de santé” et que parmi les villes NYC était la meilleure … pour se voir contredire 30 jours plus tard avec un taux record de décès quotidiens.
Depuis, le New York Times a comparé pour chaque grande ville, le taux de mortalité pour 100.000 habitants avec celui de sa région, pour trouver 3 à 7 fois plus de mortalité dans les grandes villes. Fin d’une croyance.
Ce que l’on nous a illustré pour la santé, observons-le pour nos 11 autres besoins vitaux. Il s’agit bien évidemment d’un exercice éminemment subjectif et personnel que chacun fait pour décider ou non de déménager pour trouver une meilleure qualité de vie dans une plus petite ville ou à la campagne.
En jouant avec le résultat de ce questionnaire, voyons si – en prenant notamment le point de vue de jeunes professionnels – on peut anticiper une inversion du trend d’urbanisation qui, devrait entraîner des changements en matière d’urbanisation et d’infrastructure.
Présentons cet exercice, ce test sous la forme d’un tableau multi-critère sur nos 12 besoins fondamentaux avec une note pour chacun de 1 à 5 comparant sur un curseur avec toutes les zones de gris entre la Grande ville et la campagne ( En fait chacun fait sa comparaison Grande ou petite ville, couronne campagne). Chacun peut ensuite pondérer cet exercice multi-critère avec plus de poids sur ce qui est le plus important dans sa vie aujourd’hui.
- Respirer : même si les usines sont sorties des villes, la perception est que le trafic et avec lui la qualité de l’air ne fait qu’empirer . Alors que ceci est faux, les pouvoirs publics sont très récalcitrants à jouer la carte de la transparence comme nous l’avons vu à Paris avec AIRPARIF Même si à horizon de 10 ans on peut espérer une mobilité décarbonée et pour tous (lien mobilité pour tous) qui pourrait grandement améliorer les choses pour la ville comme le passage généralisé à l’énergie hydrogène, la ville garde toujours un handicap par rapport à la campagne mais celui-ci est stable. Pas de mouvement notable post covid
- Se nourrir : la ville pouvait offrir la diversité de ses cuisines du monde entier … mais aussi beaucoup de fast Food ou de cantine industrielle. Préférence petites villes pour la fraîcheur supposée des produits, circuit court, potager … et post confinement avec l’éclosion de nombreux potagers, cet argument devient plus important: les petites villes gagnent des points
- Se former: alors qu’il y a 25 ans, lors de mes études supérieures, il n’y avait pas comparaison: je devais monter à Paris, où à la métropole régionale … aujourd’hui l’écart se resserre. L’accès au MOOC et la généralisation de l’enseignement hybride offrent des possibilités pour ceux qui ne voudraient pas aller dans une grande métropole. Les fameux MBA, déjà avant la période de confinement, ont dû revoir à la baisse leur tarif de scolarité devenu peu soutenables étant donné la concurrence des eMBA à 3000 – 5000 €/an: la campagne gagne des points
- Se loger: depuis 50 ans les prix de l’immobilier s’envolent dans les grandes villes. En 1970 un jeune cadre pouvait acheter un premier logement de 50 m² en le payant 4 à 5 fois son salaire annuel de débutant. En 2019 ce ratio est passé à 10-12 fois ce même salaire annuel. Le télétravail ouvre l’horizon des possibles: “ Comme nous l’avons vu avec la santé, la ville n’était plus aussi résiliente que cela, revoyons notre copie et allons à 200 km de Paris mêmes si les salaires sont 20-30% moins élevés, je trouverai un équilibre de vie et un pouvoir d’achat bien meilleur !”
- Se distraire : Il y a 30 ans il n’y avait pas photo. Les loisirs hors des villes étaient limités. Avec Netflix et YouTube il y a une accessibilité partout pour tout ce qui est cinéma. Avec la réalité virtuelle, on peut envisager des expériences aussi très riches. L’écart se resserre donc même si la ville reste plus attractive sur ce critère: culture et loisirs ont une offre plus riche dans les milieux urbains.
- Se vêtir, même phénomène avec la ville qui offrait un accès à la mode plus exclusif. Les ventes sur catalogue existent depuis toujours, mais l’expérience et la créativité proposée par ville restaient uniques. Aujourd’hui toutefois il y a une forte prise de conscience sur le fait que l’hyper consommation de la mode, on le découvre à peine, constitue la deuxième source mondiale de pollution. Internet a par ailleurs fortement stimulé les canaux de ventes et rendus très accessibles des produits de mode en provenance du monde entier, ou que vous soyez.
- Se déplacer. La progression du nombre de véhicules recule, l’usage des transports en commun progresse chaque mois, sauf depuis le mois de mars, ou le retour à la normale n’est pas encore observé le STIF qui publie des chiffres de 70 % de reprise du trafic voyageur en IDF. La ville peut aussi compter sur l’accès à l’international avec ses hubs de transports organisés autour de ses aéroports. Pourtant la difficulté à voyager, détourne durablement ou est-ce provisoire ? les candidats aux voyages. Les Go fast du week end ou les voyages d’affaires sont encore plus touchés. L’écart ici se resserre aussi
- Découvrir le monde : Un grand coup d’arrêt avec le covid sur ces voyages au long court et ces WE à 2000 km en prenant l’avion low cost. On a vu l’essor du Plan Bashing dans les pays scandinaves. Cet été les tour opérateur français qui proposaient des aventures à l’autre bout du monde, … se sont ajustés en offrant les gorges du Tarn ou les Cévennes. Le trafic des grands aéroport est encore à – 60% et un retour un jour aux conditions de 2019 est hypothétique. Ce critère devient moins important et l’écart se resserre.
- Créé du lien social, altérité, inclusion, solidarité . Nous avons besoin d’un lieu où l’entraide s’organise. Toujours dans le domaine de la gratuité, il faut trouver comment créer un climat propice à l’éclosion de talents. Il y a peu de temps la Grande Ville était décrite comme le meilleur écosystème d’innovation compte tenu du brassage de produits, services et rencontres fortuites que l’on pouvait y faire. Depuis quelques années on peut faire partie de l’écosystème de la ville en n’y passant que quelques jours par mois. l’écart se resserre.
- Réussir, estime de soi : « pour réussir, tu dois monter à la ville ! » disait mon grand-père. Aujourd’hui on est plus dans une recherche d’harmonie vie personnelle vie professionnelle que l’on pense trouver plus au calme
- Se protéger : toujours un peu plus de peur en ville à cause du manque de résilience versus les attaques cyber comme certaines villes en Ukraine ont déjà subies en 2015
- et pour la santé… aussi l’écart se resserre et peut être pour chacun s’inverse.
Donc dans ce débat attractivité personnelle de la grande ville, le confinement a resserré les écarts perçus avec la petite ville, la grande couronne ou la campagne sur les 12 besoins vitaux. On voit une accélération des trends au dépend de la ville peut être sur 10 besoins.
Si on joue au jeu de la moyenne pondérée ou non, on peut arriver à une note globale qui évolue vite sans doute au détriment de la ville. Les petites villes regagnent 2 point sur 5 dans cet exemple ce qui est fort. Cela est en train de provoquer un déclic … parmi tous les jeunes professionnels qui ont déjà répondu positivement aux offres des villes moyennes ou à un changement de vie radical avec un retour à la nature.
Encore une fois, il ne s’agit pas de dire que toutes les villes vont souffrir et se rétracter (comme San Francisco commence à le sentir) … mais plutôt que cette réflexion sur les trends dans les usages doit pousser les villes à y répondre de façon proactive pour rester attractive et compétitive. Au niveau de l’état, ces changements d’usages doivent entraîner des changements en matière d’urbanisation et d’infrastructure. (Lien vers les Trends Smart City)
Tout ceci étant très personnel et subjectif, à vous de jouer maintenant : Faites facilement ici votre auto-diagnostic pour décider où et comment vous voulez vivre vos 10 prochaines années.
Mode d’emploi pour remplir le questionnaire (sur 2 années 2019 – 2021)
- soit le en ligne pour partager avec nous
- créez un nouvel onglet dans la spreadsheet
- copiez y une grille déjà remplie
- et mettez vos notes et commentaire et regarder la moyenne en bas
- soit downloader au format xls et faite le en local pour vous
Exemple de tableau personnel :
Auteurs : Laurent Lehmann, Responsable du Think Tank SmartCity by InnoCherche et Bertrand Petit, Président d’InnoCherche