Louis DUGAS, ancien DRH et aujourd’hui dans le conseil, est allé à Las Vegas en psychologue de bazar, en anthropologue de comptoir : il nous livre son rapport d’étonnement.

Le cloud est partout, même si on fantasme un peu. Tout est disponible, vous appuyez sur un bouton, vous cliquez, vous êtes connecté sur un nuage.

Mais qui est propriétaire de l’info, comment je vais jouer sur la sécurité, sur la confidentialité, quel rapport à l’information tourne autour de tout cela ? Les mondes privés et professionnels sont de plus en plus mélangés, les frontières deviennent incroyablement floues. J’aimerais bien que vos quatre mondes, quatre écosystèmes  soient parfaitement connectés, ce qui me permettrait à moi d’en avoir le plein accès, mais je voudrais que vous n’ayez sur moi qu’un accès tout à fait limité. Le principe de la mobiquité, c’est Opt in, Opt out.

Tous ces jeunes de la génération Y rentrent, sortent… Mais on sort comment déjà de Facebook ? Comment fait-on pour enlever des choses postées quand on se « promenait tout nu » sur la toile ? C’est trop tard. On voit des choses fabuleuses sur la réalité augmentée, sur les rapports homme/machine, sur le virtuel, mais je vois aussi des choses sur les copains de mes enfants, qui sont devenus des « no life ».

Dans cette maison virtuelle du futur, ce qui me frappe, c’est le fait que dans toute cette réseautisation, cette mise en relation très puissante, avec ces 5 milliards de petits bonshommes connectés …  il y a de l’humain partout. Et derrière le « moi augmenté » il y a peut-être un élément positif à gérer et une opportunité unique de remettre l’homme au centre !

Donc, vous l’avez compris, tous les fondamentaux sur lesquels sont construits nos organisations, donc notre société, sont challengés.

Au sein d’InnoCherche, tout ce qu’on dit, tous les sujets que proposent nos sociétés innovantes, ce sont toujours dans le fond des problématiques qui tournent autour de l’homme. Nous avons donc mené une réflexion de trois mois avec les sociétés innovantes du réseau et nous sommes avons dégagé douze thématiques transverse sur lesquelles les DG et DRH devrait se poser des questions pour réinventer leur entreprise et leur management au fur et à mesure qu’ils accueillent la génération Y et ses nouveaux mode de fonctionnement.

Quels sont les systèmes de formation pour demain ? On a tendance à penser training, on fait un effort de formation (en termes de nombre d’heures et d’argent). Or la formation, c’est tout ce qui fait qu’une circonstance est apprenante. Aujourd’hui, je dis à certaines entreprises de faire du coaching réciproque, du « mentoring ». Il faut se mettre à l’école des jeunes. Les choses vont devenir un apprentissage réciproque, on est sur une logique de partage sur un tas de sujets, on est sur l’intelligence et la mémoire collective. Nous ne sommes plus sur des logiques rigides en termes d’intelligence et de mémoire.

On nous parle de Big data ; mais il faut trier d’abord avant de stocker, sous peine d’être étouffés. Qu’est-ce que cela dit sur l’acquisition des connaissances, sur l’enseignement, qu’est-ce que cela veut dire d’avoir toute l’information disponible et l’impossibilité d’avoir les milliers de vies pour assimiler ? Qu’est ce que cela dit sur le nouveau rapport à la connaissance ?

Les systèmes de reconnaissance ne sont plus les mêmes. Comment est-ce qu’on contractualise ? Quels sont les nouveaux rapports de travail ou d’autorité ?

Je suis fasciné par un nouveau concept qui s’appellerait MaaS : Manager as a Service. Un certain nombre de chefs pourraient demain avoir un certain mal à comprendre que leur autorité n’est plus liée aux galons mais à leur efficacité en tant que service.

En tant qu’homme de RH, je sais qu’un contrat de travail se détache dans un contexte déterminé avec un lieu, un temps et sous une autorité dont je dépends. Tout ceci est terminé. Les frontières entre vie personnelle et vie professionnelle sont très poreuses. Cela pose des problèmes : que veulent dire la surveillance, les mesures, la responsabilité, la sécurité et l’accident de travail ? Tout cela est potentiellement extraordinairement transformé. L’explosion des business modèles, c’est la modélisation des process et le coût de la transaction qui devient complètement différent.