Qui serait légitime comme Tiers de Confiance pour un futur Métaverse éthique ?

 

Metavers ethiqueAvoir suivi comment le digital allait  sauver nos vies et en se posant la question qui va nous sauver du digital on a essayé dans notre livre de faire un équilibrage entre les utopies 10 ans 15 ans et puis les dystopies depuis 2-3 ans,

Puis un nouvel élément arrivé, c’est le metaverse. Comme tout le monde, on en a entendu d’abord parler par Monsieur Facebook – qui avait investi dans les lunettes oculus les lunettes réalité virtuelle (VR) et qui depuis 2 ans pris dans la tourmente Fakenews et fragilisé par une baisse d’audience dans les jeunes génération vs TikTok,  a décidé de tout miser sur les metaverse en changeant de nom Corporate pour s’appeler META et en prétendant être le roi de ce metaverse.

Et malgré tous les milliards de dollars que META va y investir et malgré les 2 milliards d’inscrits sur Facebook, ce n’est pas du tout évident que ce soit Facebook ou les réseaux sociaux existants aujourd’hui qui gagnent la partie … Si partie à gagner il y a !

Parce que « chien échaudé craignant l’eau froide » finalement c’est une question qu’il y a de confiance dans le métavers

si on prend la définition Métaverse de Facebook « un monde digital en 3D » … on a peur d’un monde digital de plus en plus envahissant … avec une crainte redoublée sur la personne aux manettes, du tiers de confiance

Donc les acteurs les plus légitimes au niveau technique et gouvernance pour réussir à lancer un métaverse, ce sont sans doute les éditeurs de jeux vidéo. Conscient de cela, les GAFAM sont aux achats avec Microsoft qui étend son empreinte dans le domaine du jeu en faisant sa plus grosse acquisition en déboursant 68 G$ pour Activision Blizzard.

Parmi les éditeurs de jeux Ubisoft a bien compris leur avance par rapport aux GAFAM aussi bien en termes technique qu’en terme éthique. Nicolas POUARD, patron du Lab. UBISOFT présente le 8 décembre sur BFM TV sa vision stratégique (interview BFM) ; d’emblée il prend le contre-pied : « non  le métaverse c’est pas forcément un monde digital en 3D parce que vivre avec des lunettes de réalité virtuelle plus de 20 min c’est difficile (mal au cœur) …  par contre UBISOFT vous propose une autre définition du metaverse comme un nouveau monde digital unifié ! » . Ouverture intéressante parce que après 40 ans de digital en passant du PC au smartphone et pourquoi pas aux lunettes de réalité virtuelle, on a besoin de réunifier tous ces petits bouts de notre monde digital dans lequel aujourd’hui on se sent à juste titre manipulé. Il rappelle simplement que  les éditeurs de jeux laissent à leurs clients joueurs la possibilité à longueur de temps de construire des espaces digitaux dans lesquels chacun construit son monde . Donc ils sont tout à fait dans leur légitimité.

Rappelons que le Metaverse a 3 caractéristiques :

  1.       il singe le monde réel
  2.       ensuite il fait évoluer un monde fictif
  3.       et il est persistant c’est à dire qu’il continue à évoluer même quand vous n’êtes pas là

 

Au niveau gouvernance, les éditeurs de jeux aujourd’hui animent déjà des cercles utilisateurs qui leur font des suggestions de développer leur jeux plutôt à droite ou plutôt à gauche… bien qu’aujourd’hui ce soit eux qui prennent la décision in fine. Le patron du Lab. d’Ubisoft a compris ce qu’il y a comme potentiel derrière la  gouvernance en mode DAO  pour « decentralized autonomous organization » (organisation autonome décentralisée), c’est à dire des organisations où toutes les règles sont préprogrammées dans un smartcontract.

On peut même envisager d’élargir la réflexion autour d’un modèle de gouvernance type open source, où quand l’évolution du système ne fait pas l’unanimité, ceux qui sont dans la minorité peuvent décider de forker (prendre la tangente en toute autonomie) en continuant à programmer l’open source  sur la gauche en laissant la majorité faire évoluer  d’une certaine façon sur la droite… comme ce qui se passe dans le Bitcoin.

Demain dans les jeux vidéo ça pourrait être exactement pareil et c’est là l’engagement que prend Ubisoft dans la bouche du patron de son lab. Première étape, Ubisoft lance avec Quartz, la possibilité de vendre les objets digitaux que vous avez construit de longue haleine à force de jeu, à force de soutien; votre épée magique pourra être vendue sur n’importe quelle place de marché,  à quelqu’un qui voudrait l’utiliser pour gagner des points. Premier geste d’ouverture sur l’extérieur «  Moi Ubisoft, je ne contrôle pas tout ! » et deuxième  geste avec un engagement éthique fort avec 3 principes de gouvernance :

  1. D’abord « joueur  first » et ça c’est assez intéressant si c’est tenu ; «  je suis pas là à exploiter le joueur mais je  mets en avant son bienêtre, son intérêt
  2. Une blockchain Green ( potentiellement faisable avec de l’électricité 100% verte … voire une approche de minage qui favorise le développement d’énergie renouvelable bas carbone)
  3.  Je veux être  le tiers de confiance de ce monde digital ; je vais vulgariser toutes ces histoires de crypto monnaie et cetera et apporter un environnement sécurisé à tous mes joueurs et demain à tous les visiteurs de mon métaverse ( … éventuellement sur un business model Open Source ?!)

 

Pour InnoCherche – Avril 2022.