Le Logement en France en 2020 :

4 trends

Pour comprendre ce qui ne sera plus comme avant dans “se loger” il est utile de partir d’un constat documentés des usages actuels en France au traver de l’enquête nationale en cours pour 2020. Ce dispositif unique, portée par l’INSEE, recense les évolutions du parc de logements en France. Rappelons que ce pan de notre vie très important est le plus lourd au niveau budgétaire avec 17 + 6 = 23% du budget des ménages dédié au logement.(devant Transport 16% et Alimentation 16%, Loisir 9%, habillement 5%)

L’enquête porte sur les logements en France métropolitaine. Elle est réalisée tous les 4 à 7 ans depuis 1955 par l’Insee. Dans sa nouvelle édition celle est conçue et exploitée par le Service de la Donnée et des Études Statistiques (SDES) du ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, avec le soutien de la société IPSOS pour l’administration des questionnaires sur le terrain.

L’enquête de cette année 2020 (suspendue pour cause de crise sanitaire) porte sur 70 000 logements et interroge les foyers qui les occupent.

Que retenir de l’ensemble des statistiques ? 4 trends :

1. 11 millions de logements supplémentaires en 35 ans, plus rapide que la démographie

Au 1er janvier 2019, la France métropolitaine compte 36,6 millions de logements.

Depuis trente ans, le parc ne cesse de s’accroître au rythme de 1,1 % par an en moyenne pour les résidences principales et les résidences secondaires. Pour les résidences principales cela s’explique en grande partie par leur occupation par personne qui permet de desserrer l’occupation du parc. 

Il est intéressant d’observer que la croissance du parc sur cette période est de 76% quand la démographie ne croît que de 28% ce qui signifie que la production neuve de logement est très dynamique mais permet tout juste de faire face au phénomène de décohabitation. 

Aujourd’hui : 

 

2. Ralentissement de l’étalement urbain?

De façon globale en 2019,

  • L’habitat individuel représente 56 % des logements : il est majoritaire parmi les résidences principales comme parmi les résidences secondaires et les logements occasionnels. 
  • Après avoir progressé entre 1999 et 2008, sa part recule légèrement car le nombre de logements collectifs augmente plus vite que celui des logements individuels du fait des évolutions récentes de la construction neuve. 

L’habitat individuel est un facteur d’accélération de l’étalement urbain. Ces chiffres présagent ils d’un ralentissement de l’étalement urbain?

 

3. Cap vers les régions, et tous propriétaires

Les métropoles (ou plus précisément, les unités urbaines) ont une forte croissance démographiques depuis 30 ans.  La majorité de la France vie en métropole, autre que la région parisienne. Quand 21 % ont fait le choix d’une commune rurale de moins de 2000 habitants,  16% ont fait le choix de l’unité” urbaine de Paris pour leur résidences principales.

En 2019, 58 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale avec une part qui n’a cessé de croître depuis les années 1980 pour devenir stable à partir de 2010. Parmi les propriétaires, environ un tiers sont accédant, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas fini de rembourser leur emprunt pour l’achat du logement. La part d’accédant à la propriété a fortement augmenté dans les années 1980 avant de baisser jusqu’au milieu des années 2000. Elle est stable depuis. La part des propriétaires sans charges de remboursement croît en partie sous l’effet du vieillissement de la population. En trente ans, elle est passée de 28 % à 38 % des ménages.

Ces chiffres reflètent trois trends

  1. un frein possible à la mobilité (… problème d’agilité face à l’emploi)
  2. un pays vieillissant
  3. L’immobilier est parfois un patrimoine illiquide

et en conséquent, on touche là les limites de toutes les politiques du “tout propriétaire” promus depuis l’après guerre.

 

4. Se concentrer sur ces pôles urbains

Leçon de la grande enquête logement, le fait urbain est confirmé

61,0 % des mobilités s’accompagnent d’un changement de commune avec une forte mobilité entre grands pôles urbains (de plus de 10 000 emplois) constituent la majorité des zones de départ (62,7 %) et d’arrivée (58,1 %). On ne voit pas de trend de retour à la campagne.

Donc en terme d’aménagement du territoire, les efforts doivent se concentrer sur ces pôles urbains de plus de 15 000 habitants … et non pas se disperser partout.

 

Laurent LEHMANN, Animateur du Think Tank Smartcity d’InnoCherche (Avril 2020),
d’après les données INSEE pour InnoCherche avril 2020