8 nouveaux Megatrends “post covid” dans nos usages

1er Nouveaux Megatrends: DETOX

40% des actifs ont une activité professionnelle compatible avec le télétravail. Lorsqu’ils se retrouvent physiquement coincés à la maison, trois pans de leur vie sont immédiatement affectés : le travail à distance, l’école à distance, les courses à distance … et pour certains la santé à distance. De nouveaux usages font émerger 8 nouveaux Mega-trends qui vont impacter tous les marchés. De nouveaux outils sont nécessaires pour mesurer la vitesse de propagation de ces phénomènes.

Detox ancien mode de vie: apprendre à vivre différemment.

Pour beaucoup d’entre nous , nous avons été précipités du jour au lendemain dans un confinement brutal. Pas de trajet, pas de bureau, pas d’école, pas de déplacement . Pour arriver à une  détox de nos anciennes habitudes il faut au minimum 40 jours; nous avons déjà eu presque 3 mois et cela continue.

En tant que citoyen, on se désintoxique de la mobilité, personnelle ou collective.  Et on s’aperçoit que l’on y arrive bien et dans le budget des ménages cela fait faire une grosse économie ( 16% du budget des ménage).

On réalise que la ville, donc la vie, est construite autour de la voiture et à quelle point la mobilité a façonné nos vies.

Aujourd’hui, après quelques mois de confinement, après cette désintoxication du travail à outrance, de la mobilité, du rythme effréné,  … après avoir pris un peu de recul et avoir réfléchi, certain vont vouloir mener leur vie un peu différemment, déménager pour ne jamais revivre un confinement en ville. Le logement est le premier poste de dépense des ménage à 22% et il va être fortement impacté à moyen termes dans les choix de vie. 

 

1.1– « Detox » bureau pour un travail plus qualitatif et moins quantitatif

La bonne nouvelle c’est que l’on gagne d’une à trois heures de trajet par jour, soit au moins 1 journée de travail complète par semaine. Très rapidement, on se rend compte qu’on est plus libre en travaillant à distance. On peut se concentrer, mieux séquencer son temps, prendre le temps de la réflexion. On subit moins de réunions imposées. On s’épuise dans moins de réunion pour s’aligner. On reste un peu plus factuel et plus centré sur les objectifs à atteindre.

Tous ces impacts vont être détaillés dans les 4 mégatrends ci dessous touchant au télétravail.

 

1.2- « Detox » école pour plus d’autonomie dans l’acquisition des savoirs

Les enfants eux-aussi ont pu expérimenter un apprentissage sans professeur. Quelques-uns ont décroché mais beaucoup y ont vu des avantages. Certains enfants n’hésitant pas à affirmer qu’on apprend mieux et plus vite sans professeur ! Bien sûr, cette révolution de l’apprentissage à domicile mobilise beaucoup les parents qui doivent jongler entre un call et les devoirs des enfants. Coté professeurs, certains étaient plutôt récalcitrants à utiliser de nouveaux outils digitaux mais face à la nécessité ils ont dû s’y mettre. Quelques-uns ont opté pour une stratégie d’évitement en se mettant en arrêt maladie, beaucoup ont fait leur mue technologique pour ne pas être à la traîne de leurs collègues. Au niveau des écoles, c’est à une véritable révolution pédagogique à laquelle on assiste avec une place croissante pour le e-learning et pour les open university. (Voir REX dans une école avec 240 personnels enseignants)

Fort heureusement, la mise en place d’outils comme Pronote a beaucoup facilité la transition vers un suivi digital des élèves et un dialogue renouvelé entre les parents et les enseignants. 

Finalement, le confinement a engendré deux bénéfices principaux ouvrant une réflexion féconde sur ce que certains appellent le “blended learning” :

  1. Le travail à distance a démontré des vertus pédagogiques en terme d’autonomie, de solidarité et d’implication des élèves.
  2. En creux, le présentiel va prendre une place complémentaire lorsque les interactions multiples avec toute la classe apporteront quelque chose de significatif. 

 

1.3- « Detox » mobilité et « Détox » ville pour des déplacements moins frénétiques

La mobilité a été le sujet vedette de ces dernières années. Il suffit de voir le nombre de start up qui se sont engouffrées dans la brèche et le montant vertigineux des levées de fond pour se convaincre que la mobilité était devenue le nouvel eldorado économique. La mobilité allait nous apporter de nouvelles libertés (voir nos prises de position dans le grand débat “Mobilité pour tous”).  Nos enfants pensent déjà habiter le village planétaire et ils n’ont plus peur de faire 1.500 kms pour aller passer un week-end avec un ami rencontré dans une école de commerce.

Cette évidence d’un monde sans frontière s’est effondrée sous nos yeux médusés. 

Le confinement nous a prouvé que la mobilité permanente présente aussi des inconvénients en termes de perte de temps, de nervosité, de coûts et de vies humaines. La vie sans bouger paraissait impossible et, pourtant, on y arrive mieux que ce qu’on imaginait. Le citoyen-consommateur découvre que moins de mobilité veut dire moins de morts et de blessés et moins de pollution atmosphérique. Moins de mobilité veut dire aussi des économies substantielles dans le budget des ménages avec un budget qui représente 16% du total des revenus disponibles.

On réalise aussi que la ville est le lieu de confrontation entre plusieurs revendications contraires : se déplacer plus vite, vivre sans nuisance, accéder à des loisirs variés sans contraintes. Sitôt le confinement terminé, allons-nous reprendre nos mauvaises habitudes et nos guerres de tranchées entre automobilistes et piétons ou allons-nous construire de nouveaux équilibres ?

Depuis des décennies, tous les experts prolongent les courbes et affirment que l’urbanisation du Monde est inexorable avec, à l’horizon 2050, 70% de la population vivant dans les grandes villes.  Cette conviction s’est renforcée avec le Développement Durable l’hyper-concentration permettant aux citoyens de mieux se déplacer et donc de moins polluer mais aussi de moins utiliser d’infrastructures à produire et recycler. 

Ceux qui ont pu s’échapper des grandes villes pour se réfugier en confinement dans leurs résidences secondaires ont eu la confirmation qu’on vit mieux à la campagne dans une maison que dans un appartement exigu en centre-ville. Les enfants et les adultes ont besoin d’espace vital pour conserver ces équilibres.  La surface moyenne des logements neufs et anciens en France est de 90m2, et compte 56% de maisons individuelles  (Voir l’article de Laurent LEHMANN, AMB Smart City.)

Soyons lucide sur le modèle de société sous-jacent à l’urbanisation : la ville rend l’homme moins autonome et plus centré sur la consommation.  D’une certaine manière, la ville est bonne pour la création de richesse du pays et pour l’innovation par fertilisation croisée.   Mais le tout-consommation rend le citoyen frustré de ne pas avoir autant que le voisin et fini par exacerber les tensions sociales. N’oublions pas que le mouvement de gilets jaunes est parti de la France des petits villes de province mais a cristallisé sa violence dans les grandes villes.

 Certains citoyens vont-ils revisiter le triptyque « métro, boulot, dodo » ou pour certains « carrière, beaux quartiers et école prestigieuse pour les enfants”  . On observe un nombre croissant de cadres qui sortent des grandes entreprises pour reconstruire une vie différente. Ils prouvent que c’est possible. C’est pourquoi, on parle de plus en plus de marque employeur car, fait inédit, même des entreprises prestigieuses peinent désormais à recruter de bons profils issus des meilleures écoles de commerce et d’ingénieurs.   Un nombre croissant des citoyens-consommateurs aspire à améliorer la qualité de la vie et à nourrir des relations sociales plus harmonieuses. 

Ce phénomène explique le succès du label « Great Place to work » et la création récente des postes de managers en charge du bonheur au travail « happiness manager »… ce qui en soit illustre un malaise profond.

 

Notre veille  sur les usages montre déjà quelques sujets où les lignes ont déjà bougé:

  • L’école à la maison :
    • Dans l’enseignement primaire, collège et lycée, seulement 5% à 8%  des élèves ont décroché. Cela veut dire que 92% à 95% des élèves poursuivent leurs études sans présence dans une enceinte scolaire,
    •  Dans une école de commerce, on note seulement 2% des profs récalcitrants,
    • Un nombre croissant de grand parents mobilisés à distance sur ZOOM pour suivre le travail des enfants ; ce qui va renforcer les liens intergénérationnels.