Unconference à l’intention des dirigeants d’ETI
Synthèse de notre Veille Transverse sur les Usages
Comment anticiper dans un monde où les usages – facilités par la technologie – évoluent très vite ?
Si l’on veut anticiper les évolutions sur les marchés, il faut absolument garder une longueur d’avance en matière de veille innovation en comprenant que ce sont les Usages qui font l’innovation; la technologie ne fait que la permettre. De plus, la Disruption dans les marchés et dans les business model vient de la transposition d’un Usage d’un marché à un autre, d’un plan de ma vie à un autre. Pour anticiper les Disruptions, il faut prendre le temps de faire de la veille transverse sur les Usages et de regarder un peu au-delà de la ligne d’horizon… et en utilisant le bon référentiel, arriver à décoder pour mieux anticiper.
Outre l’application de notre prisme de décodage par les usages dans différents secteurs que nous avons déjà fait, et que nous maintenons à jour (avec entre parenthèses les derniers épisodes issus de notre bibliothèque de plus de 400 contenus originaux).
- Énergie, (la solution hydrogène)
- Mobilité, (livre blanc sept 2018 “ Nouveaux Usages, Nouvelle mobilité”, AutoTech Tel Aviv in Paris)
- Immobilier & BTP, (trends Smart City)
- Santé, (CR réception de Betterize)
- Retail, (Customer Centric, après le covid, Brocante 3.0)
- Assurance, (assurance en inclusion)
… voici une autre approche plus généraliste pour des dirigeants d’ETI. Ces sujets étant tous transverses et impactant tous les dirigeants, ils pourraient servir d’amorce à une discussion de groupe.
D’autre part, pour le format, avec cette liste d’une quinzaine de thèmes issus de nos 12 ans de veille, on pourrait par exemple proposer un nouveau format de type “Unconference” dans lequel ce sont les participants qui choisissent les sujets en votant et où nous nous adaptons :
- La recherche du sens de la jeune génération et leur exigence de cohérence leur interdisent certains comportements… notamment de travailler pour certaines entreprises non-alignées avec leurs valeurs. Après les BCorp aux États-Unis, la loi Pacte d’avril 2019 en France permet aux entreprises d’affirmer leur raison d’être puis leur mission. C’est aussi une incitation, voire une obligation, pour toutes les entreprises de prendre en compte l’impact social et environnemental de leurs décisions. Il y a là des signes d’espérance et des chantiers à mener pour les voir aboutir.
- Pour bien remonter aux usages, il faut regarder finalement l’impact sur nos 12 besoins vitaux des changements de comportements, notamment des jeunes générations. Cela donne une façon de décoder les usages de la NextGen et leur impact potentiel sur les différents marchés. Une analyse démographique et de pouvoir d’achat permet ensuite d’anticiper la vitesse d’évolution de la demande.
- La Smart City ou plutôt le smart territoire va être, pour plus de 70 % de la population, le lieu géographique où ces nouveaux usages vont s’exprimer. L’immobilier est le secteur où les cycles de transformation sont les plus longs et les conservatismes les plus importants. Est-ce pour autant la fin de l’urbanisation ? Comment se font les arbitrages étant donnés les nouveaux usages notamment autour du télétravail ? C’est donc là que l’on verra se concrétiser des écarts criants, appelant à des réactions politiques.
- Comment les nouveaux usages se traduisent-ils en tendances marketing ? Dans ce domaine, pour faire de la veille concurrentielle, il ne faut plus aller vers l’Ouest, mais vers l’Est … vers la Chine qui a pris énormément d’avance en marketing et commerce digital. Démarrant dans les années 2000 avec la consommation de masse digitale, la part du e-commerce est aujourd’hui de 50%; leur vie a été complètement démonétisée en 5 ans grâce à Wechat et son paiement intégré dans cette super application. Forte d’une jeune génération riche et ayant adopté de nouveaux codes, l’évolution est plus rapide qu’ailleurs.
- L’intelligence artificielle est devenue un outil indispensable pour exploiter un montant de données toujours plus important. Mais il faut bien comprendre que derrière ce mot trompeur d’IA … il n’y a aucune intelligence ! Il s’agit essentiellement de l’automatisation de certaines tâches basées sur la reproduction du passé. Donc, avant tout projet d’intelligence artificielle, il faut faire l’effort de comprendre quels sont les biais inhérents aux données puis de trouver le moyen de corriger ces biais si on ne veut pas les reproduire, de façon trompeuse, dans cette nouvelle intelligence artificielle.
- Le COVID a révélé à la fois notre manque d’anticipation et le peu de résilience d’une Supply Chain complètement globalisée. Nous devons donc apprendre à travailler des scénarios … non pas pour chercher à trouver la vérité à venir, mais pour être prêts quand un de ces scénarios se présentera à nous; on aura un plan d’action déjà validé.
- Le confinement, qui est une absence forcée et subie de mobilité, nous a montré à quel point la mobilité avait façonné nos vies. Contraints et forcés, nous avons fait preuve de créativité et trouvé d’autres moyens de continuer notre activité avec beaucoup moins de déplacements. Désintoxiqués de cette mobilité à tous crins, nous retrouvons des horizons plus proches et un nouvel équilibre de vie meilleur pour la planète. Ces nouveaux usages sont-ils pérennes ou vont-ils disparaître aussi vite que le Covid ? Restart ou Reset : c’est la question derrière notre dernier livre: ”Le digital a sauvé nos vies … qui va nous sauver du digital” ?
- Avec la technologie du véhicule autonome – dans tous ses formats (ou “form factor) que ce soit des trams sans rails ou des petites voitures autonomes – il apparaît probable que d’ici 10 à 20 ans nous aurons tourné la page d’une ère, celle de la mobilité du XXe siècle basée sur la voiture particulière. Demain nous utiliserons tous des voitures autonomes – qui seront de-facto collectives – et seront autant de différentes briques d’un schéma de transport partagé. Nous aurons à notre disposition une mobilité pour tous, 10 fois moins chère et potentiellement 100 fois moins dangereuse. A quelle vitesse vont se transformer les usages ? Y a-t-il une opposition entre la ville et la campagne? (Relire notre livre Blanc de Sept 2018).
- Une adoption rapide et forcée du télétravail pour un grand nombre, nous a en quelque sorte révélé que le bureau était obsolète depuis 20 ans et que personne ne nous l’avait dit. On s’aperçoit aussi que tout est lié et que notre vie ne tourne plus autour du bureau. Ceci transforme beaucoup de choses liées à mes 12 besoins vitaux.
- Au niveau climatique, la décennie de la dernière chance nous presse d’envisager à la fois de nouveaux usages et aussi l’utilisation de nouvelles énergies, en particulier produites localement. L’hydrogène est un vecteur d’énergie qui devrait trouver une place très importante car il est très léger, peut être produit et stocké localement de façon économique (notamment par craquage thermique direct de l’eau à 2200°C). Il pourra faciliter la transition énergétique.
- La faible résilience de la Supply Chain globale construite depuis 40 ans, pousse beaucoup d’acteurs à vouloir retourner à une économie circulaire (…que nous avons abandonnée au début de notre ère industrielle après 24 000 ans d’économie locale et circulaire). La technologie additive (impression 3D) et la bio industrie – qui utilise des micro – organismes vivants pour produire exactement la molécule souhaitée – permettent d’envisager d’autres schémas de production capables de satisfaire 9 milliards d’humains sur notre planète sans dilapider les ressources naturelles. Quel déclic faudra-t-il pour que ce retour à l’économie circulaire puisse passer à l’échelle ? Faut-il annoncer la fin de l’économie du jetable ?
- Nous sommes entrés depuis plusieurs années en cyber guerre. Depuis maintenant deux ans, tous les acteurs ont compris que l’ultime recours en matière de cyber défense est l’État souverain. La doctrine de dissuasion nucléaire américaine a été changée officiellement en 2018 et reconnaît une attaque cyber sur une infrastructure critique comme les prémices potentiels d’une attaque nucléaire. En conséquence, une cyber attaque peut générer une contre-attaque nucléaire. On réalise qu’il y a aujourd’hui un continuum depuis la protection de mes données personnelles jusqu’à la protection des infrastructures de mon pays… et donc jusqu’à la politique de dissuasion nucléaire et que l’Etat est l’ultime rempart en matière de cyber défense.
- Les scandales à répétitions (Attentat de Christchurch (NZ), Cambridge Analytica et la manipulation de l’élection de Trump …) ont révélé combien les réseaux sociaux dans leur exploitation des données personnelles arrivaient à manipuler nos comportements, de tous les jours et au moment des élections. Par ailleurs, une meilleure exploitation des données digitales sera un atout dans le combat climatique. Comment donc corriger les excès de la manipulation des individus sur les réseaux sociaux sans “jeter le bébé digital avec l’eau toxique des réseaux sociaux” ? Il faudrait arriver à promouvoir une architecture de données compatible avec un modèle digital au service de l’homme et non pas l’inverse comme aujourd’hui. L’Etat devrait jouer son rôle de Tiers de Confiance, comme en Estonie, pour non seulement mieux nous protéger mais aussi pour nous servir administrativement de façon 2 à 3 fois plus efficace.
- Depuis 2008, la Blockchain a pu démontrer sa résilience extraordinaire … tant et si bien que des institutions comme les banques centrales réfléchissent maintenant toutes à son utilisation (cf CBDC). Il y a un an, le journal de référence de la City de Londres “The Economist” titrait sur le GovCoin. La conclusion était qu’aujourd’hui, il est techniquement possible d’envisager un monde capitaliste sans banque commerciale comme nous les connaissons aujourd’hui. À quelle vitesse peut-on envisager de telles évolutions ? Quels en seraient les conséquences au niveau de la consommation des ménages et de la politique de relance des Etats ?
- Les épisodes à rebonds de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine nous ont montré à quel point le monde de la GlobalTech était lié. Lors du déploiement de la 5G, en particulier avec des équipements du Chinois Huawei, la question de la souveraineté nationale a été posée par nos dirigeants … sans que la réponse ait été apportée. Dans quelle mesure peut-on dire qu’en matière de souveraineté tout est lié ! … depuis les équipements, les softwares, les data et les protocoles avec les principes de gouvernance ?
- Dans ce monde devenu très complexe, car il y a trop d’interactions entre des phénomènes auparavant déconnectés, il est important de faire simple! … tout particulièrement en termes de management pour expliquer les décisions et motiver ses équipes. Nous savons qu’il existe quatre prérequis à la motivation individuelle que sont le sens, la compétence, l’autonomie et enfin l’absence de sentiment d’injustice. Dans ce cadre, les managers et les décideurs d’aujourd’hui doivent constamment revenir à ces quatre éléments pour continuer à progresser. Pour maintenir la compétence dans l’ère Post Covid avec beaucoup de management à distance, il y a besoin de formation sur les outils de la collaboration mais aussi sur le management. Par ailleurs, dans un monde de juristes et de procédures, il est important de pouvoir redonner des degrés de liberté à ses collaborateurs en redéfinissant le cadre dans lequel leur autonomie peut s’exercer. Plus que jamais, il faut intégrer les nouveaux trends de la formation perpétuelle.
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Pour InnoCherche – Janvier 2022